De Colbert au Barzaz Breiz

En plus des guerres et des révoltes, qui ruinèrent l'économie de la Bretagne, avant que son territoire soit découpé en départements. Colbert a pris une part très importante dans le déclin du commerce Breton, hors beaucoup l'ont oublié.

Le " Colbertisme "

Le colbertisme transforma la Bretagne en cul de sac militaire, et les conflits avec l'Angleterre, qui entraînent la fermeture du marché des toiles de lin, plongèrent les Bretons progressivement dans une pauvreté extrême, qui culminera à la fin du XIXe siècle. Durant sa vie, sans doute ripoux avant l'heure, Colbert a amassé une fortune considérable, qui s'élevait à environ dix millions, une fortune pour l'époque. C'est sans doute pour cela que certains élus Bretons donnèrent son nom à des rues ou des édifices publics en Bretagne.

 

Colbert, un financier "avisé"

 

S'il n'eut pas recours, comme l'Angleterre, à enrôlement forcé des matelots sur les bateaux marchands, il institua l'inscription maritime et pour pourvoyer abondamment les galères il demanda aux juges de condamner lourdement, y compris pour des délits bénins, par exemple le délit de vagabondage. C'est sans doute par reconnaissance que la marine Française donna son nom à 6 bateaux, dont le dernier fini de pourrir à Landévennec...

 

La révolution Française

 

Paradoxalement la Révolution commenca en Bretagne dès le 27 janvier 1789 avec les affrontements, parfois sanglants, de nobles et d'étudiants en droit qui demandaient le doublement des députés du tiers état dans la province.

 

Ensuite les députés Bretons du tiers état tinrent un rôle moteur, à Versailles, puis à Paris, lors de la révolution qui abrogea, la nuit du 4 août 1789, les provinces. La Bretagne cessa d'exister en tant qu'entité administrative, elle se retrouva dépecée en 5 départements, sans que ses habitants ne soient jamais consultés.

Malgré cela, la révolution fut plutôt bien accueillie en Bretagne par les paysans, enfin débarrassés de leurs seigneurs et maîtres, les nobles. C'est la politique religieuse de la Constituante qui mettra le feu aux poudres, un peu plus tard, et qui marquera le début de la rupture entre les Bretons et la Révolution, le bas clergé qui régnait sans partage sur les campagnes refusant, presque unanimement, le serment à la nouvelle constitution civile du clergé.


L'autre événement important qui alluma la révolte, en février 1793, sera  la levée de 300 000 hommes chargés d'aller défendre les frontières. Elle suscitera la révolte des jeunes Bretons des campagnes et de ceux des provinces voisines qui refuseront d'aller se battre loin de chez eux. Ce refus et les représailles qui suivirent donnèrent naissance à la guerre de Vendée et à la chouannerie au nord de la Loire.

 

En contrepartie du renversement d'un régime corrompu, qui se serait de toute manière auto détruit, qu'à apporté la révolution ? Une devise jamais tenue, le fossé à toujours été entretenu entre les élus et le peuple et des épisodes horribles et sanglants soigneusement occultés dans les manuels scolaires : La terreur qui a surtout été un génocide de victimes innocentes et un nettoyage de l'Ouest de la France en particulier avec les " mariages républicains " de Carrier et les " colonnes infernales " de Turreau, dont le nom figure pourtant sur l'arc de triomphe. Ensuite, comme cela se produit régulièrement depuis, la France s'offrit à un aventurier : Buonoparte, un despote, qui allait faire massacrer des générations entières de jeunes Européens.



Les colonnes infernales de Turreau


 

La chouannerie  1793-1799

 

L'histoire officielle a présentée, dans les manuels scolaires, sans doute pour tenter de justifier les massacres, la révolte du grand Ouest comme étant une guerre pour la défense de la religion par des paysans ignares et fanatiques manipulés par des nobles. Si l'anticléricalisme des révolutionnaires de Paris et l'obligation pour les religieux de prêter serment a été une cause, la plus importante trouve son origine dans la confiscation des biens de l'Eglise et des émigrés et la vente de ces biens aux bourgeois des villes qui seuls pouvaient les acheter. Facteur aggravant, la continuation de la perception des impôts dans une période où la pénurie, en ces temps de mauvaises récoltes, devint vite insupportable. La conscription de 300 000 hommes, décidée par la Convention le 24 février 1793, acheva d'exaspérer les paysans,  ceux-ci prirent alors les armes. 

 

Cet épisode de "l'histoire de France" est surtout connu sous le nom de guerre de Vendée, hors si au final, les deux groupes se rejoignirent, au début de la révolte, il y avait deux fractions distinctes, une en Bretagne et l'autre au Nord de la Loire.

 

La période la plus longue de la guerre de Vendée s'étendit de mars 1793 à mars 1796, Il y eut au début des escarmouches, puis de vraies batailles, notamment à Machecoul où la situation tourna à l'affrontement meurtrier le 10 mars 1793. A Tiffauges, Chemillé ou encore Saint-Florent-le-Vieil, les "Bleus" - ainsi surnommés à cause de leurs uniformes – furent également chaudement reçus. Un sacristain Jacques Cathelineau, le "saint de l'Anjou", prit alors la tête d'une véritable armée paysanne qui s'empara de Cholet le 14 mars 1793.

 

 

Jacques Cathelineau

 

La persécution religieuse ne tarda pas à révolter également les Bretons, très attachés à leurs prêtres ruraux. La levée en masse, par la Convention, mit le comble à leur indignation. Le tirage au sort amena un soulèvement, surtout en Haute-Bretagne appelé la Chouannerie, ce nom a deux origines, celle d'une famille de paysans  et le cri de la chouette, utilisé par les "Blancs" -  Autre nom des Chouans - pour se reconnaître la nuit.

 

Le marquis de la Rouërie, un des héros de la guerre pour l'indépendance des Etats-Unis, organisa la résistance. Il fonda une association en Bretagne pour le maintien des droits de la province et le rétablissement de Louis XVI, mais il mourut sans avoir pu réaliser son projet. Celui-ci fut repris par les chefs chouans: Boishardy, dans les Côtes dû-Nord ; Boisguy, en Ille-et-Vilaine, Charette, au sud de la Loire, Georges Cadoudal, dans le Morbihan. Les chouans Bretons ne livrèrent pas de batailles rangées, comme les Chouans Vendéens, la nature du pays favorisant plutôt les embuscades et les coups de main de francs-tireurs.

 

 

François Charette

 

17 février 1795, Charette signa la paix avec la Convention et obtint la liberté de culte et de l'exemption de conscription sur le territoire Vendéen. Pourtant, quelques mois plus tard, le débarquement d'émigrés à Quiberon redonna un regain de force à la chouannerie et de l'espoir à Charette et à Stofflet.

 

La seule bataille rangée des chouans Bretons fut celle de Quiberon, pour aider au débarquement des émigrés le  23  juin 1789. Par malheur pour eux, émigrés et Chouans ne purent s'entendre et ce fut  la cause d'un désastre. Après la bataille 750 d'entre eux furent fusillés à Vannes et au Champ des Martyrs, près d'Auray, par ordre de la Convention, malgré la promesse formelle de Hoche de leur laisser la vie sauve. Charette et à Stofflet  tentèrent de réorganiser une résistance vendéenne, en relançant les combats, ils seront arrêtés puis exécutés la même année, Stofflet le 23 février et Charette le 29 mars 1796.

 

En Bretagne, outre les massacres de Quiberon et d'Auray, ce sont surtout dans les grandes villes que les républicains commirent des massacres, en particulier Carrier à Nantes. Par contre, la Vendée sera ravagée comme un pays ennemi par les 12 "colonnes infernales" de Turreau et le chiffre exact des martyrs ne sera jamais connu, il oscille suivant les historiens, entre 40 000 et 160 000 victimes, hommes, femmes et enfants.

 

Le dernier chef chouan, Cadoudal sera finalement arrêté et exécuté en 1804. On peut supposer que Napoléon, qui avait espéré jusqu'au bout que Cadoudal se rallie – il lui avait promis un grade important dans son armée -, conserva envers lui une certaine haine, puisqu'il  s'opposa à ce que son corps soit enseveli après son exécution, préférant qu'il soit récupéré pour être disséqué par les étudiants en médecine. Le squelette de Georges Cadoudal restera exposé à la  faculté de médecine durant tout le Premier Empire, avant d'être finalement enterré en Bretagne. La république attendit plus longtemps pour pouvoir finir d'assouvir sa vengeance à l'encontre des Bretons, en 1870 au camp de Conlie.

 

 

Georges Cadoudal


Le débarquement de Quiberon

 

Organisé pour prêter main-forte à la Chouannerie en Bretagne et en Vendée. Le débarquement des émigrés à Quiberon débuta le 23 juin et fut définitivement repoussé le 21 juillet 1795. Les émigrés réfugiés en Angleterre espéraient soulever tout le grand Ouest de la France, afin de mettre fin à la révolution et permettre le retour de la monarchie. Cette opération militaire, mal préparée, de bout en bout, fut un fiasco qui coûta la vie à plusieurs centaines d'hommes, royalistes, chouans et républicains.

 

Joseph de Puisaye qui commanda l'expédition compta beaucoup sur les Anglais. Ce choix au niveau des alliés allait avoir quelques conséquences désastreuses. Pendant la préparation du débarquement, les partisans de Louis XVIII imposèrent un second à de Puisaye en la personne de Louis Charles d'Hervilly On délivra à celui-ci des instructions tellement confuses qu'il pouvait contester les ordres de son supérieur et même revendiquer le commandement de l'expédition. Deux chefs pour une même entreprise laissaient présager une mauvaise issue.

 

 

Joseph de Puisaye, un éternel "looser"

 

Les combats les plus importants se déroulant en Vendée il aurait été opportun d'y faire le débarquement, hors ce fut la presqu'île de Quiberon qui, en dépit des inconvénients qu'elle présentait, son étroitesse, ses hauts-fonds, ses forts courants, fut préférée

 

Deux autres choix de moindre importance allaient également jouer un rôle non négligeable dans la suite des événements. Le premier fut de faire revêtir des uniformes Anglais à quelques émigrés, car nombre de chouans Bretons n'aimaient guère les voisins "Saxons" et pour cause. La seconde bavure fut de renforcer l'armée d'invasion par des prisonniers républicains prisonniers en Grande-Bretagne. Leur haine des Anglais et des royalistes laissait présager qu'ils déserteraient en masse à la première occasion.

 

Le 23 juin, une escadre d'une dizaine de navires de guerre et de 60 navires de transports commandés par les amiraux Warren et Bridport appareilla d'Angleterre pour transporter 3 500 émigrés, ainsi que des armes et des équipement pour environ 40 000 hommes. Averti de l'opération l'amiral Français Villaret de Joyeuse sortit de Brest et attaqua les bateaux de Warren à la hauteur des îles Glénan, le 23 juin 1795. Après avoir perdu deux bateaux, il dut se réfugier dans les parages de Groix laissant la marine Britannique maîtresse de la mer.

 

 Le 26 juin 1795, la flotte des émigrés mouilla devant Quiberon et le débarquement pu commencer. Ce fut le moment pour d'Hervilly de sortir sa lettre de nomination et de revendiquer le commandement de l'expédition. Les deux chefs n'avaient pas la même stratégie, de Puisaye souhaitait profiter de l'effet de surprise en attendant sur le champ,  hors d'Hervilly, ne faisait pas confiance aux chouans, les estimant mal commandés, donc sans doute de piètre valeur dans  vraie bataille rangée, D'Hervilly fit savoir qu'il souhaitait rester dans la presqu'île de Quiberon et de s'en servir comme base, après l'avoir solidement fortifiée. Après 24 heures de vaines discussions entre les chefs il fallut adresser un courrier à Londres pour voir de Puisaye confirmé dans le commandant en chef, mais une journée et l'effet de surprise avaient été perdus, laissant le temps aux Républicains de s'organiser, alors que du côté des émigrés et des chouans, la bataille des chefs avait jeté le doute et semé un sentiment de trahison.

 

Le 28 juin, 8 000 hommes furent débarqués à Carnac dont ils se rendirent maîtres, ainsi que des communes de Landevant et Locoat-Meudon. Le fort de Penthièvre, au bout de la presqu'île de Quiberon, opposa une résistance symbolique et tomba le 3 juillet. Entre temps la jonction s'était faite entre les émigrés et les Chouans. Quelques villages furent enlevés, mais aucune opération coordonnée d'envergure n'eut lieu, visiblement il y eut des problèmes de fraternisation entre les deux groupes.

 

La division des royalistes et de leurs alliés paysans profita aux Républicains. A Vannes Hoche ne disposait que de 2 000 hommes de troupe, cependant il se dirigea vers Quiberon sans être inquiété par les chouans, tout en récupérant des renforts, le 4 juillet la troupe des "Bleus" était composée de 13 000 soldats. Aimé du Boisguy, avec ses 5 000 hommes stationnés en Ille et Vilaine, avait les moyens de s'opposer à cette progression de la petite armée de Hoche, mais il n'avait même pas été mis au courant du débarquement, ce qui est un comble. Le 5 juillet hoche livra des combats à Landevant et à Auray et refoula les chouans vers la presqu'île de Quiberon qu'il encercla complètement dès le 7 juillet.

 

Le comte d'Hervilly ne daigna pas soutenir en temps utile les groupes de chouans placés pour défendre les abords de la presqu'île. Par la suite, malgré de violentes contre-attaques il ne fut plus possible de briser l'encerclement. Les 10 et 11 juillet, les encerclés échafaudèrent un stratagème pour contourner le blocus des "Bleus". Deux groupes de chouans, l'une de 2 500 hommes commandée par Lantivy et Jan, l'autre de 3 500 hommes commandée par Tinténiac et Cadoudal, s'embarquèrent sur les navires britanniques et furent débarqués à Sarzeau pour prendre les républicains à revers. Le premier groupe s'évapora dans la nature, mais le second s'apprêtait à attaquer lorsqu'il fut rejoint par Charles de Margadel portant un message annonçant un nouveau débarquement en baie de Saint-Brieuc.  Malgré les conjurations de Cadoudal, les Chouans prirent la route vers la Manche.

 

Le  15 juillet, 2 000 autres émigrés, commandés par  de Sombreuil débarquèrent à Quiberon en renfort. Les émigrés, puis les chouans, lancèrent alors de nouvelles offensives mais toutes furent repoussés. d'Hervilly fut mortellement blessé pendant une de ses attaques - il décédera peu après en Angleterre - et les pertes des Blancs atteignirent à ce moment 1 500 morts.

 

Hoche ordonna l'assaut final la nuit du 20 juillet. Profitant d'un violent orage, il attaqua le fort de Penthièvre, défendu par 4 000 hommes et couvert par les canons des navires anglais. La plupart des enrôlés de force désertèrent, massacrèrent les autres défenseurs et livrèrent le fort aux assaillants. Dans la confusion, les marins Anglais continuaient à tirer aussi bien sur les Bleus que sur les "Blancs" et même sur les civils restés sur la presqu'île. De Puisaye, jugeant que la partie était perdue, ordonna à ses hommes de réembarquer, il sauva ainsi sa vie et celles de 2 500 émigrés et chouans évacués grâce à l'aide des chaloupes Britanniques. Le 21 juillet, Hoche et de Sombreuil entamèrent des négociations, les royalistes capitulèrent peu de temps après, sous promesse de la vie sauve pour tous les soldats "Blancs".

 

 

Lazare Hoche, vainqueur mais à quel prix

 

6 332 chouans et émigrés, avec parfois des membres de leurs familles, furent capturés dans la poche de Quiberon. Hoche promis verbalement que les royalistes seraient considérés comme prisonniers de guerre. Cette promesse ne fut pas tenue, si les femmes et les enfants furent libérés quelques jours après la bataille, de Sombreuil et 750 de ses compagnons furent jugés et fusillés. La Chartreuse d'Auray conserve une liste gravée et un caveau contenant les restes de 952 prisonniers Blancs massacrés, du 1er au 25 août 1795.

 

 

"L'épopée" de la duchesse du Berry

 

L'accession au trône de Louis Philippe en 1830 créa une fracture entre la monarchie et l'Ouest de la France. Roi pro-républicain ne cachant pas son hostilité à la chouannerie, il imposa certaines contraintes dans la pratique du culte et il n'hésita pas à faire détruire des monuments commémoratifs de la guerre de L'Ouest, comme la Chapelle de Charrette à Légé et la statue de Cathelineau au Pin en Mauge. Les légitimistes qui avaient soutenus Charles X pensèrent que le moment était opportun pour le renverser, car son impopularité était très grande. Dès la fin de 1830 la date d'un soulèvement de l'Ouest sera fixée au 13 février 1831, la Bretagne était prête, les conjurés espérèrent que la Vendée suivrait. Finalement, rien ne se passa et ils organisèrent une réunion le 24 septembre, afin de choisir la date du 3 octobre 1831 pour lancer la révolte.

 

Pour remplacer Louis Philippe, ils pensèrent au Duc de Bordeaux, qu'ils nommèrent Henri V. Sa mère était la duchesse du Berry et elle se trouvait alors en Angleterre. A la nouvelle de la préparation de ce soulèvement, elle décida de se rendre en Italie après avoir traversé l'Allemagne, sans savoir qu'elle était espionnée et suivie par les agents secrets du roi de France.

 

La duchesse du Berry

 

La duchesse du Berry, à qui on avait promis un soulèvement de Marseille dès son arrivée, embarqua sur un bateau, mais la révolte ne se déclencha, pire certains de ses amis furent fait prisonniers par la police. Elle décida de se rendre secrètement dans l'Ouest où ses partisans étaient les plus nombreux. Elle arriva en Vendée le 16 mai  et les premiers rassemblements de ses partisans eurent lieu dans le bocage à partir du 23 mai.

 

 Elle ignorait que Louis Philippe et son gouvernement avait envoyé le Général Dermoncourt en Bretagne, en avril 1832, avec l'ordre de mettre fin à l'agitation grandissante. Dès son arrivée, il apprit que les conjurés attendaient la venue d'une personnalité pour déclencher la révolte et que cette personne était la duchesse du Berry. Il pris ses dispositions et informa le gouvernement que la révolte était proche. Louis Philippe ne s'en inquiéta pas, il écrivit au maréchal Soult le 30 mai : « Il n'y a pas d'homme sensé qui ne sache que la France repoussera toujours ce qui lui viendrait de la Vendée et des Chouans, que leurs insurrections doivent nécessairement finir par leurs défaites et fortifier le gouvernement qu'ils attaquent. »

 

Du côté des légitimistes, l'enthousiasme n'était pas de mise, pour certains il manquait d'hommes, d'armes, du soutien des autres régions et même de l'étranger. La duchesse de Berry persista dans ses intentions et ordonna à tous d'être prêts à se soulever dès le 24 mai. Finalement, après de longs entretiens, le déclenchement de la révolte fut programmé pour la nuit du 3 au 4 juin.

 

Le 4 juin, le tocsin se fit entendre, et le soulèvement débuta. Ce fut une courte guerre d'embuscades et d'escarmouches, qui coûta de nombreuses vies et qui se prolongea sans résultats tangibles rapides, sur le plan militaire, pour les révoltés. L'insurrection fut rapidement matée et les conjurés emprisonnés et dispersés, mais la duchesse de Berry resta introuvable. Dès le 9 juin, elle s'était réfugiée dans Nantes sous un déguisement de paysanne et elle trouva asile dans une maison de sympathisants.

 

Thiers - le nabot, futur massacreur des communards - nommé premier ministre, voulu en finir rapidement avec cette histoire. Il pris contact avec le fils de rabbin converti au catholicisme, Simon Deutz, qui savait où se cachait la duchesse de Berry, Deutz fit plusieurs visites à la duchesse et finalement la livra, le 7 novembre 1832, contre une forte somme d'argent. La duchesse du Berry fut emprisonnée au fort de Blaye où elle donna naissance à une petite fille, le 10 mai 1833, enfant qu'elle eut de son époux secret, le comte Lucchesi-Palli, fils du vice-roi de Sicile. Le gouvernement Français s'empara de l'affaire pour calomnier la duchesse, faisant courir, par la même occasion, la rumeur que le Duc de Bordeaux, né après la mort de son père, pouvait être un enfant illégitime. Discréditée auprès de l'opinion publique par une campagne éhontée de calomnies, la Duchesse de Berry fut finalement exilée à Palerme.

 

Le soulèvement de 1832, sera considéré par certains Bretons, comme l'occasion manquée qui aurait pu donner aux provinces de l'Ouest une certaine liberté et même une certaine autonomie. Pour beaucoup en France, le gouvernement de l'époque ne ressortit pas à son avantage de cette épopée, l'acharnement des politiciens contre cette femme, qui s'était dévouée pour son fils, montra que tout était bon pour arriver à leurs fins.

 

 

Le Barzaz Breiz

 

Au XIX ième siècle dans beaucoup d'endroits en Europe, il y avait un intérêt certain pour la Bretagne dans les milieux culturels. Cela venait en partie de la recherche des antiquités Celtiques et des fouilles des monuments mégalithiques. Les érudits découvraient ce bout du Monde mis à l'écart pendant une longue période. Il y avait également une recherche des lettrés, aussi bien littéraire que linguistique, concernant la mystérieuse Armorique, le Barzaz Breiz arriva à point nommé.

 

Le 24 août 1839 paru la première édition de ce recueil de chants populaires. Son auteur se nommait Théodore Hersart de la Villemarqué, agé à peine de 24 ans, il était né à Quimperlé en 1815. Il partagea son enfance entre cette ville et la campagne des alentours. Elevé dans une famille où on ne parlait que le Français, il parcourait inlassablement la campagne où le Breton était la langue la plus utilisée à cette époque, il l'apprit auprès des paysans et la parla couramment.

 

 

Une des couvertures du Barzaz breiz

 

Entre 1833 et 1837, la Villemarqué sillonna la campagne pour rechercher, recenser et noter le répertoire des poésies et gwerzioù chantées par les paysans. En 1837, il avait déjà relevé près de 300 pages de versions et de commentaires divers. Il se lança dans le classement et la reconstitution des textes recueillis, qu'il traduisit et annota.


Dès sa publication, l'ouvrage connu un succès phénoménale. Des commentaires élogieux parurent dans la presse locale, mais également dans la presse de la capitale. Le succès du Barzaz Breiz dépassa rapidement les frontières de l'hexagone et il fut traduit en plusieurs langues. Encouragé par ce succès La Villemarqué poursuivit alors ses recherches. En 1845, puis en 1867 deux éditions complétées furent publiées. En 1846, ce chercheur de la mémoire collective Bretonne reçu la Légion d'honneur et en 1858, pour ses 43 ans, il entra à l'institut. Cette reconnaissance d'une poésie transmise oralement de génération en génération par un peuple considéré avec mépris et souvent qualifié d'arriéré, n'était pas du goût de tout le monde, en particulier des milieux lettrés de la capitale. Vers 1867 les premières rumeurs sur l'authenticité des chants du Barzaz-Breiz commencèrent à circuler publiquement. On accusa La Vilemarqué de les avoir intégralement écrits, ainsi que leurs mélodies. Ses détracteurs l'accusèrent également d'avoir écrit les textes en Français, puis de les avoir fait traduirent en Breton par des tiers.

 

Théodore Hersart de la Villemarqué

 

 La Villemarqué mourut le 8 décembre 1895 près de Quimperlé. Impérial, mais meurtri, il ne chercha pas à se défendre. Après sa mort la polémique ne cessa pas et dura de nombreuses années. Il fallu attendre 1964 pour que Donatien Laurent, chercheur au CNRS, découvrit dans le manoir de La Villemarqué des carnets contenant ses notes et ses commentaires qui attestaient l'authenticité de ce recueil de chants populaires de la Bretagne ancienne.

Plus qu'un simple livre, le Barzaz Breiz a été l'élément qui a réveillé l'identité Bretonne, mise à mal par plusieurs siècles de domination Française. De nombreux chanteurs et groupes ne s'y sont pas trompé et régulièrement des chants de ce recueil sont repris.

 



Le Barzaz Breiz en téléchargement gratuit


 



31/01/2008
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