La naissance de la Nation Bretonne

                   

Tra ma vo mer 'vel mur 'n he zro
Ra vezo digabestr ma bro…
 

Tant que la mer sera comme un mur autour de lui,
Puisses-tu être libre mon Pays !

 

Avertissement

 

N'étant pas historien, il se peut que des légères inexactitudes se soient glissées involontairement dans les textes qui suivent. Il faut donc prendre les contenus de ces pages comme de la lecture et non comme une thèse historique. Beaucoup d'épisodes cités dans les pages suivantes ont été occultés ou remaniés dans les manuels officiels de "l'histoire de France". Sans parti-pris et avec des références, je les évoque.

 

 

La naissance de la Nation Bretonne

 

Avant l'établissement des premiers rois en Grande Bretagne et des premiers ducs en Bretagne, l'Angleterre était la Bretagne et la Bretagne était l'Armorique. Cette précision n'est pas inutile, sinon en parcourant Internet pour se documenter, il y a de quoi se perdre...


Il semblerait qu'une première civilisation était établie dès l'an – 5000 sur la péninsule Armoricaine, ce sont ces premiers habitants qui auraient édifié les premiers tumulus à l'âge mésolithique, dont celui, très impressionnant de Barnenez dans le 29.


A l'âge néolithique, -4500 à -1500 avant J-C, un nouveau peuple semble apparaître en Armorique. Ce peuple nomade, composé d'hommes grands comme l'attestent des squelettes de gaillards de 1,80 mètre, ce serait celui des mégalithiques, car on retrouve un peu partout en France et en Europe les mêmes assemblages de pierres en forme de tables ou des pierres levées. Vers -3000 se succèdent la construction du tumulus de Saint Michel et les alignements de Carnac dans le 56. Périodiquement ce peuple, sans doute mêlé aux premiers habitants, édifient des tumulus ou des sépultures collectives de celle de Crec'h-Quillé - 22 - daté d'environ -2200 à 2000 avant J-C.


De - 1500 à -625 c'est la grande époque de l'âge du bronze, car l'étain abonde en Armorique et en Grande-Bretagne. Le développement de l'extraction des minerais et de la métallurgie du cuivre, du bronze, mais aussi du plomb ont eu à la fois des conséquences sur la vie quotidienne des habitants de la péninsule Armoricaine, l'utilisation des métaux étant une avancée technologique, mais cela a eu également des conséquences sur leur environnement, par le recul de la forêt à cause des haches, mais aussi par les  premières contaminations d'êtres humains par les métaux, constatées par des prélèvements de dents et d'os chez des individus ayant vécu près des mines. La vente et l'échange d'objets en bronze furent des facteurs d'essor économique, mais la convoitise pour ce métal fut à l'origine de nombreuses guerres entre tribus voisines. Vers -850, des vestiges montrent que les premiers Celtes sont arrivés en Armorique.



Guerrier Celte

 

Vers -700  avant J-C les civilisations de l'âge de bronze vont perdre de leur puissance au profit des populations maîtrisant la métallurgie du fer. On pense que que vers cette période, les Gaéls émigrèrent en Irlande, au pays de Galles ou Cambrie et en Écosse et les Brittons vers l'île de Man, le pays de Galles et la Cornouailles. Ce matériau étant déjà connu depuis le IIe millénaire avant J-C par les populations d'Asie Mineure. Hors il s'agissait peut être déjà de Celtes, car le berceau de la civilisation Celtique se situe en Europe centrale. La suprématie du fer sur les autres métaux en agriculture ou à la guerre donne une avance importante aux peuples qui possèdent l'art de transformer le minerai de fer en outils et en armes.


En - 58 avant J-C toute la gaule est envahie par les Romains à l'exception de l'Armorique. Le prétexte pour déclencher la guerre fut une révolte des venétes qui provoqua le soulèvement de tous les peuples occupant l'actuelle Bretagne et sans doute des Celtes venus de Grande-Bretagne. La bataille finale fut maritime et en l'absence de vent les galères romaines eurent l'avantage sur les bateaux à voiles Venétes. La répression fur terrible et nombre de Celtes repassa la mer pour se réfugier dans l'île de Bretagne.


En - 55 avant J-C Jules César débarque sur l'île de "Bretagne" - l'actuelle Grande Bretagne - pour la conquérir. Le prétexte de cette guerre fut l'aide apportée par les insulaires aux Armoricains. L'occupation partielle de la Grande Bretagne durera jusqu'en 407 après J-C, sans que les Romains aient réussi à conquérir toute l'île. Ils durent même édifier un mur de défense, ou mur d'Hadrien qui séparait le Sud du pays de l'Ecosse.


Déjà bien avant la naissance de J-C, alors que que nombreux peuples, dits maritimes, de la Méditerranée osaient à peine s'éloigner des rivages, les Celtes faisaient sans arrêt les traversées de la Manche et de la mer Celtique, entre la Grande Bretagne et l'Irlande.


Détail souvent méconnu, la victoire des Romains en Armorique sonne la fin de la religion Druidique, laissant le champ libre à d'autres croyances, dont le christianisme.



 

 

 Dagda, dieu majeur des Celtes

 

 

Conan Mériadec, un duc d'Armorique controversé

 

Conan Meriadec ou "Caradog" (Kynan Meriadec en Gallois) est un duc, sans doute, légendaire, de la Bretagne romaine. Il serait né au Pays de Galles à la fin du IVe siècle, et passa dans les Gaules vers 384, à la solde du tyran Maxime, dont il servit les intérêts. D'après Grégoire de Tours, historien du VIe siècle, il serait devenu duc d'Armorique (dux bellorum, c'est-à-dire chef de guerre) et aurait gouverné pendant 26 ans, sous la coupe des Romains, la partie de l'Armorique connue aujourd'hui sous le nom de Bretagne.

 

Maxime, s'étant fait proclamer empereur en Armorique, avait passé en Gaule où, après quelques succès, il fut écrasé en 383. Conan reconnu Théodore, le vainqueur de Maxime, comme empereur, mais ensuite il porta la guerre en Aquitaine et il se rendit maître du pays de Retz en 405. En 409 / 410, il n'y avait plus un seul Romain en Armorique, les "Bretons", s'étant soulevés, auraient conféré à Conan l'autorité de chef qu'il aurait conservée jusqu'à sa mort (421).

 

Pour enrayer les incursions dévastatrices et meurtrières des Bretons, l'empereur Honorius fit construire une ligne de fortifications ou "mur d'Honorius", entre des tours. Ces tours  ont été à l'origine de quelques villes et villages dont : Gétigné (44), Boussay (44), Clisson (44), Légé (44), Cugand ( 85), Bois de Céné (85), Saint Etienne des Bois (85), Tiffauges ( 85), etc. Le tout formant une frontière entre l'Armorique et les Gaules, plus précisément marquant les limite de la Bretagne et de la Vendée, bien au delà du cours de la Loire.

 

Conan légua son trône de duc à ses descendants, qui furent depuis princes, puis rois et enfin ducs de Bretagne. Pendant son règne, Conan aurait résidé à Nantes.

 

Conan Mériadec a-t-il vraiment existé ?  Quelques anciens  historiens fixaient la date de sa mort entre 392 et 411, d'autres vers 421, ce qui laisse des doutes sur la crédibilité de l'existence de Conan ou sur la rigueur de ses biographies. Son existence, vivement contestée par Dom Lobineau, a pourtant été accréditée pendant longtemps par Geoffroi de Monmouth au XIIe siècle,  sans doute encouragé par la famille de Rohan, qui prétendait se rattacher à cet illustre personnage. En outre, il existe à la Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon un sarcophage de style roman considéré jadis comme étant celui de Conan Meriadec, plusieurs historiens pensent que c'est plutôt celui d'un évêque du Léon, du XIIe siècle qui s'appelait également Conan.

 

Il y a sans doute eu un duc nommé par les Romains qui, a leur départ, garda son titre et ses pouvoirs, mais à cette époque où les Saints Irlandais et Gallois venaient en terre d'Armorique, parfois sur des bateaux de pierre, terrasser les dragons, il est vraisemblable que la vie de Conan Mériadec a été enjolivée.Quoiqu'il en soit, Conan ou un autre "dux bellorum",  nommé par le tyran Maxime, est celui qui a été à l'origine de la formation de la Bretagne et celui qui en a marqué ses limites au Sud de la Loire.

 

 

Les grandes migrations "Bretonnes"

 

Après le départ des Romains de Bretagne – l'actuelle Angleterre -, la voie étaient libre pour tous les envahisseurs barbares : Les Germains, Angles et Saxons et les populations Celtiques du Nord inhospitalier de l'île, les Scots. A ces peuples qui n'avaient pas été dominées et asservies par Rome, se joignirent sans doute des conquérants venus d'Irlande.

 

Durant deux siècles, les Bretons demeurés dans l'île résistèrent aux envahisseurs, en vain, dans les premiers temps, ils demandèrent l'aide de Rome, Les Bretons étaient chrétiens, leur pays avait été évangélisé à la fin du IIe siècle. Les envahisseurs n'avaient pas la même religion et les massacres, les exactions et les brimades s'accentuèrent. Dès les premières années de la conquête de l'actuelle Angleterre par les peuples du Nord de l'Europe, du Nord de l'île et par les insulaires Irlandais, nombre d'entre eux prirent la mer et se laissant porter par les courants et le vent, trouvèrent des  rivages hospitaliers où ils demeurèrent.





Cartes des migrations

 

La plupart des fugitifs se dirigèrent vers l'Armorique, d'autres abordèrent sur l'île de Man et en Irlande où pourtant les peuplades encore païennes n'étaient guère accueillantes. D'autres partant vers le large arrivèrent sur les côtes d'Espagne où ils créèrent des colonies, en particulier en Galice et dans les Asturies.

 

Ceux qui restèrent furent asservis par les vainqueurs qui leur imposèrent leurs coutumes et leur langue. La langue celtique ne survécut que dans la partie de l'Ile de Bretagne, où les vaincus se maintinrent plus denses, c'est à dire en Cornouailles et au pays de Galles. Ceux qui fuyaient apportèrent leur langue dans les régions où ils établirent de nouvelles colonies, ce qui explique des similitudes de langages entre les descendants des anciens "Bretons" éparpillés en Europe.

 

Pour conserver leur liberté, de nombreux Bretons quittèrent donc l'île de Grande-Bretagne et vinrent s'établir en Armorique, qui était toute proche et presque déserte. Au Ve siècle l'Armorique était la contrée la plus déserte de la Gaule.

 

Ces fuites par petits groupes, commencées à la fin du Vème siècle, durèrent entre cent cinquante et deux cents ans, sous la houlette des religieux et des chefs de groupes. C'est surtout la bordure côtière de la Manche qui fut occupé, ainsi le Léon a sans doute accueilli des émigrés venant de Cambrie, une région entre le pays de Galles et le golfe de Solway. Au centre de l'Armorique la forêt, presque impénétrable, prenant une place importante et à l'Est et au Sud, les Rediones et les Namnètes, ainsi que les Venétes, établis de longue date, n'étaient guère accueillants.

 

Les religieux, sans doute des moines, créèrent des communautés, qui ont souvent gardé dans leurs noms, ceux des saints hommes qui les a fondées. C'est le cas des villes, des villages et des communes dont les noms commencent par Lan, Plou, Plé ou Tré. Le mot Lan désignant un ermitage, le mot Plou ou Plé une communauté religieuse regroupée autour  d'une chapelle ou une église, le mot Tré pour trêve, la communauté de paysans et d'artisans qui s'était établie autour d'un ermitage.

 

Les mots Plou, Plé, Lan et Tré sont à associer avec la pénétration des Bretons Chrétiens, d'outre manche, en Armorique, c'est pour cela qu'on les rencontre plus à l'Ouest qu'ailleurs sur la péninsule Armoricaine. Il y aurait en Bretagne environ cent cinquante communes qui commencent par Plou.

 

Outre des regroupements de non religieux, des communautés d'hommes d'église établirent, au cours de ces émigrations, des chapelles, des églises et des monastères dont les noms commencent par Lan, exemple celui de Landévennec, fondé en 485 par Saint Guénolé.

 

Avant les migrations l'actuelle Bretagne était peuplé de 5 peuples distincts : les Osismes - à l'Ouest, occupant la moitié Ouest des actuelles côtes d'armor et le Finistère -, les Venétes au Sud-Ouest, les Mamnètes au Sud, les Curiosolites au Nord-Est et les Riédones entre Redon et Rennes, un brassage régulier dans le temps, avec les émigrants arrivés par vagues successives, allait former les particularités propres à certaines régions de Bretagne.

 

 

De Charlemagne à Morvan Lez-Breiz

 

 

Alors que sa soif de conquêtes le faire régner sur une bonne partie de l'Europe actuelle, le peuple de Bretagne considèrait le roi des Francs comme un monarque étranger et lui résista de manière acharnée. En 786, pour intimider les Bretons, Charlemagne envoya des forces très importantes ravager quelques villes, sans toutefois parvenir à soumettre les irréductibles Armoricains. Il essaya à nouveau en 799 puis en 811, mais à chaque fois sans succès.

 

Comme pour toute région instable de son empire, Charlemagne établi alors une marche, sorte de no man land's entre le monde "barbare" et son précieux empire Franc. Une frontière, dont Roland le preux tué à Roncevaux, fut un des préfets. Charlemangne isola la Bretagne, faute de pouvoir s'en emparer complètement. 

 

Après Charlemagne, d'autres rois Francs regardèrent du côté de la Bretagne avec cupidité, exemple Charles qui ne fut pas aussi débonnaire qu'on le dit et qui tomba sur un os nommé Morvan.

 

Morvan Lez-Breizh, ou Murman Lez-Breizh, (littéralement Morvan, le soutien de la Bretagne), né vers 750, mort soit en 818, soit en 822, peut être considéré comme le premier "roi" d'une Bretagne presque unifiée. Originaire des environs de Priziac (56), il règna sur le Vannetais, la Domnonée et le Léon. Son château aujourd'hui disparu se trouvait probablement sur la colline de Menez Morvan dans le secteur du Faouét / Langonnet. Ce secteur dans les landes de Lanvaux (56) est d'ailleurs connue de nos jours sous le nom de Pays du Roi Morvan.

 

Le chroniqueur Franc Ermold dit le Noir rapporte que le moine Witkar, envoyé par l'empereur franc en ambassade auprès de Morvan "Lez-Breizh" demander la soumission des Bretons, s'entend répondre : « Va promptement trouver ton maître, et répète lui mes paroles. Je n'habite point sa terre, je ne veux pas subir sa loi. Qu'il règne sur le Francs, soit. Murman règne sur les Bretons. Si les Francs nous font la guerre, la guerre nous leur rendrons. Nous avons des bras nous saurons nous en servir » (...) « Hâte-toi de reporter ces paroles à ton roi : les champs que je cultive ne sont pas les siens, et je n'entends point recevoir ses lois. Qu'il gouverne les Francs ; Murman commande à juste titre aux Bretons, et refuse tout cens et tout tribut. Que les Francs osent déclarer la guerre, et sur-le-champ moi aussi je pousserai le cri du combat, et leur montrerai que mon bras n'est pas encore si faible.».

 

Après la défaite, Louis le Débonnaire organisa en personne sa revanche et poursuivit Morvan de sa haine jusqu'en Langonnet. Le premier roi Breton fut vraisemblablement tué, vers l'an 822, à proximité de son château, suivant la légende ou près de Merlevenez ( 56), mais en 818, suivant les historiens. Son courage lui valu la reconnaissance du peuple Breton et bien des odes furent composées en sont honneur, dont une, célèbre se trouve dans le Barzaz Breiz.




 

Morvan Lez-Breiz

 

 


Les Bretons et les "Normands"

 

Outre les razzias ponctuelles des Vikings - plus tard les Normands - et les inévitables escarmouches qu'elles ont entraînées, la Bretagne à du batailler ferme sur terre, lors de grandes batailles, pour tenter de conserver son indépendance fraîchement acquise. Ci-joint quelques dates de batailles et d'événements qui ont opposés ou associés Bretons et Normands.

 

- En 843 (24 juin) : Massacre et pillage de la vile de Nantes par les Vikings.

- En 844 : Pillage et incendie de la ville de Clisson par les Normands.

- En 868-888 : A partir de 868, Salomon, inquiet des invasions normandes qui se multipliaient, conclut une alliance avec le roi Franc Charles le Chauve. En 874, les Bretons prêtent main-forte aux Francs pendant le siège d'Angers, occupés par les hommes du Nordland.

- En 875 : Les Normands envahissent la Bretagne. Gurvand les repousse aux portes de Rennes.  

- En 876 : Les Normands, marche à nouveau sur Rennes. Ils sont de nouveau repoussé par Gurvand.

- En 888 : Défaite des Normands à Questembert, ils sont battus par Alain le Grand. Sur la lancée,, ils subissent une seconde défaite mais cette fois par le fils de Judicaël, Béranger, comte de Rennes, près de Couesnon.

- Après 907 : Mettant à profit les rivalités entre les principautés bretonnes, les Normands vont ravager la Bretagne. Saccage de l'abbaye de Landévennec en 907. Destruction de la ville de Nantes en 919 par les Normands de Raghenold.

- En 921 : Le roi de France Robert Ier (865-923) est tenu en échec par les Normands devant Nantes. Il signe un traité abandonnant la Bretagne aux Normands à la condition qu'ils n'attaquent pas le reste de la France.

- Vers 931 : Jean, abbé de Landévennec, revient en Bretagne. Il est suivi par Alain Barbe-Torte, qui reprend Nantes et qui livre des combats successifs heureux à Dol et à Saint-Brieuc contre les Normands (en 936).

- En 937 : Alain II Barbe-Torte est reconnu duc de Bretagne. Victoire de Kerlouan sur les Normands. La libération entreprise par Alain Barbe Torte est complétée par le comte Even, qui débarrasse le Léon des pirates et deux années plus tard par le comte de Rennes, Béranger.

- En 939  : Victoire de Trans, dans la Mayenne, sur les Normands. Les derniers Vikings sont chassés par le duc Alain II Barbetorte, aidé de Juhel Béranger (comte de Rennes) et Herbert (comte du Mans).

- En 944 : Conflit entre Juhel Béranger et Alain II Barbetorte. Les Normands en profitent pour envahir à nouveau la Bretagne et infligent aux Bretons une sanglante défaite à Dol

 

Par la suite, après l'invasion de l'Angleterre, par le biais d'héritages et de tractations politiques, pendant quelques années la Bretagne sera Anglaise.

 

La Normandie a été concédée au viking Rollon en 911 par Charles le Simple pour mettre fin aux exactions des vikings en leur donnant un territoire…qu'ils contrôlaient déjà entièrement depuis 896.

 

En 1066, Guillaume de Normandie, qui deviendra Guillaume le Conquérant, est duc de Normandie lorsque survint le décès du roi d'Angleterre, Edouard le Confesseur, mort le 5 janvier 1066 sans héritier.

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Harold, le beau-frère de Guillaume se fait couronner roi dès le lendemain tandis que Guillaume prétend être l'héritier désigné et lésé du roi d'Angleterre : ce dernier affirme qu'Harold avait juré sur des reliques qu'il reconnaîtrait Guillaume comme successeur du défunt roi. Harold prétend, bien entendu, le contraire.

 

Guillaume de Normandie exploite la " parjure" d'Harold, plus grave pêché pour un chrétien en le faisant excommunier par le Pape : c'est donc sous l'étendard et la bénédiction pontifical, facilitant le recrutement des troupes, que Guillaume prépare l'attaque de l'Angleterre à partir de la Normandie.

 

Il lève une armée de 6000 à 7000 hommes, comprenant de très nombreux seigneurs et chevaliers de toute la France qui convoitent du butin ou des fiefs outre-Manche.



 

 

La tapisserie de Bayeux, la bataille d'Hasting

 

Guillaume n'a pas à se méfier d'une invasion bretonne lors de son départ, car exerçant le droit de suzeraineté sur la Bretagne, il s'assure même qu'un fort contingent Breton fera partie de l'armée Normande.

 

C'est lors de cet épisode de l'histoire de l'Angleterre que se déroule la triste aventure de Silvestig de Kerlaz racontée dans le Barzaz Breiz. Silvestig partit avec ses compagnons pour une courte expédition, ce que laissait prévoir la bataille d'Hasting en 1066, devra guerroyer 5 ans avant que Guillaume soit définitivement vainqueur. Il rentrera certes au pays, mais il sera retrouvé, comme ses compagnons d'infortune, mort, sur une nef échouée sur une plage.

 

 

 

Nominoë le "père" de la Bretagne

 

Nominoë, né vers l'an 800 était un comte de Vannes. En 831, il gouverna la Bretagne au nom de Louis le Pieux qui l'avait nommé désigné "missus imperatoris" et "ducatus ipsius gentis" des Bretons, les Francs étaient devenus les maîtres de la Bretagne après la mort de Morvan Lez-Breiz. À la mort de Louis le Pieux, en 8400, il soutient dans un premier temps son successeur Charles le Chauve, puis revendiqua son indépendance et celle de la Bretagne. Allié avec Lambert II de Nantes, il battit les Francs et il tua le Comte Renaud d'Herbauges. Charles le Chauve dut le reconnaître comme Duc de Bretagne en 846 à la suite des batailles de Messac (843) et de Ballon - près de Bain-sur-Oust -, (845) où l'armée de Charles le Chauve fut battue par une efficace cavalerie Bretonne.

 

Plus tard vaincu, trois fois de suite, par les Vikings Nominoë dut traiter avec eux pour qu'ils s'en aillent de la Bretagne. Deux ans après sa dernière défaite il s'empara d'Angers et des pays alentours. Suite à la  défection du comte Lambert II de Nantes, Il s'empara ensuite de Nantes et de Rennes en 850 et il lança des attaques sur le Bessin et le Comté du Maine.

 

La Villemarqué, publia dans son Barzaz Breiz, le l'ode " Le tribut de Nominoë ". Cette complainte Bretonne ou "Gwerz", raconte l'histoire qui aurait été à l'origine de la rébellion de Nominoë contre les Francs. Lors du paiement d'un certain " tribut " par la Bretagne, Karo le fils du porteur de l'impôt aurait eu la tête tranchée par le percepteur de Charles le Chauve pour équilibrer la balance où n'y figurait pas le poids. Cette cruauté fut rapportée à Nominoë qui, feignant de venir payer le reste de l'impôt, décapita l'intendant. A défaut d'être vraie, quoique rien n'affirme le contraire, cette histoire à fait perdurer le souvenir de Nominoë en Bretagne.

 

Nominoë mourut en campagne, le 7 mars 851 près de Vendôme, après avoir conquis le Maine et l'Anjou. Contrairement aux affirmations de certains historiens, Nominoë ou Névénoé n'a jamais porté le titre de roi, C'est son fils et successeur Erispoë qui a le premier usé de ce titre. Pourtant Nominoë à mérité le titre que lui ont donné maints chroniqueurs, celui de père de la Bretagne. A sa mort, il a laissé un pays pacifié qui avait presque les frontières de l'actuelle Bretagne.



 

Statue de Nominoë

 

 

Alain Barte-Torte dit Alan Al Louarn

 

Si Nominoë à affranchit la Bretagne du joug des Francs, un autre homme de guerre à consacré sa vie à bouter les Vikings hors de la péninsule Armoricaine, il s'agît d'Alain II Berbe Torte ou Alan Barbetorte appelé aussi Alan Al Louarn, Alain le Renard.

 

 

Un drakkar Viking

 

Dès le règne de Noménoé, vers l'an 830, des raids de Vikings touchèrent la Bretagne et d'autres régions de France (ils tentèrent de prendre Paris en 845). La Bretagne résista longtemps. Erispoé, successeur de Noménoé, infligea de sanglants revers aux Danois. L'assassinat de Salomon en 874 et la guerre des petits chefs qui s'en suivit furent mis à profit par les Vikings pour venir faire des razzias. Alain le Grand en extermina quelques centaines près de Questembert en 888. A sa mort, des hordes de barbares reparurent plus nombreuses et plus combatives. Ils occupèrent toute la péninsule Armoricaine, les actuels pays de Loire, la Normandie, etc. Le Roi de France, pour faire la paix, reconnut en 911 leur chef Rollon comme Duc de Normandie, puis son fils Guillaume Longue-Epée, le futur Guillaume le conquérant.

Les Bretons, de quelque rang qu'il soit,  fuirent devant les envahisseurs. Les chefs de clans, les machtyerns, les religieux, les abbés, les moines, etc. se réfugièrent en Angleterre ou émigrèrent vers la France, emportant avec eux leurs bien les plus précieux et les reliques des vieux saints bretons. Les moines de Noirmoutier quittent définitivement leur île en 836 pour se fixer en Anjou, puis en Bourgogne. Les gens de l'abbaye de Landévennec émigrent à Montreuil-sur-Mer, dans le Nord  Dès leur départ l'abbaye est entièrement saccagée et détruite. Les autres moines Bretons fuirent majoritairement vers Paris et ses environs.

 

 

Les redoutables envahisseurs Vikings

 

Mathédoï, fils d'Alain le Grand et comte de Poher, s'enfuit avec son fils Alain, surnommé plus tard Barbe-Torte, et un grand nombre d'hommes avec l'intention de se servir de l'Angleterre comme "base arrière" pour reconquérir la Bretagne et chasser définitivement les Normands.

 

l'abbé Jean de Landévennec, revenu secrètement dans son abbaye, prépara des plans de lareconquête et le retour de celui qui devra bouter les Vikings hors de Bretagne, mais qui, entre-temps, grandira chez son parrain, le roi d'Angleterre : Alain, petit-fils d'Alain le Grand. Solide, courageux et déterminé, sa légende raconte qu'adolescent, il poursuivait et terrassait, dans les forets Anglaises, les sangliers et les ours avec une simple lance. En 936, il débarqua à Dol avec des navires du roi Anglais, accompagné d'une troupe de soldats de son parrain. Il y sera rejoint par une armée de Bretons levée par Jean, abbé de Landévennec.

Dés son débarquement, il trouva dans les ruines du monastère de Dol une troupe de Normands qui, d'après la légende, célébrait une noce. Les attaquant à l'improviste, il les massacra jusqu'au dernier. Apprenant qu'une autre troupe se trouve près de Saint-Brieuc, il réembarqua sur les vaisseaux pour s'y rendre.

La tradition rapporte qu'il livra la bataille à Plourivo. Les Normands y avaient établi un solide camp retranché au lieudit Castel Auffret. La lutte fut acharnée et elle dura toute la journée. Le soir, les Normands ayant perdu beaucoup de monde, furent repoussés par les Bretons sur la plage. Ils y furent surpris dans leur retraite par la marée et ils furent submergés à  Lancerf, sur la commune de Plourivo, au lieu-dit Toul-ar-c'houiled (trou des hannetons).  Quelques croix en pierre dans le secteur commémorent ce fait d'armes.

Les Vikings, dispersés sur toute la Bretagne, furent pour se regrouper dans les grandes villes, qui étaient autant de véritables places fortes. Les Armoricains vinrent  de toute part se ranger sous la bannière d'Alain le reconnaissant comme leur Duc.

Informé qu'une importante armée de Normands s'était réunie à Nantes, Alain et son host chevauchèrent jusqu'à cette ville. Au confluent de l'Erdre et de la Loire, les Normands avaient édifié une vaste et solide place d'arme. Cet endroit étant appelé, d'après la chronique locale, le Pré Saint-Aignan. Lors du premier assaut, les Bretons furent repoussés, défaits, assoiffés, mal en point. D'après ses chroniqueurs,  Barbe-Torte pria la vierge de leur donner une source.

Un de ses compagnons trouva finalement une source ou  une fontaine et l'armée d'Alain, désaltérée remporta une écrasante victoire. Alain établit alors sa résidence ducale à Nantes qu'il venait de libérer. Par la victoire remportée à Trans en août 939, il réussira finalement à chasser les envahisseurs Normands, définitivement, hors de Bretagne.

Alain Barbe-Torte tomba malade en 952 et mourut peu après. Il sera inhumé dans la basilique Notre-Dame de Nantes et sa tombe rappelle, comme d'autres.monuments de la ville, que Nantes est et restera une ville Bretonne. Alan al Louarn a aussi son ode dans le Barzaz Breiz.
 

 

 

Monnaie de Alan Bartetorte

 



31/01/2008
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