De Constance à Anne

 

Pendant trois siècles, les jalousies, les complots, les traîtrises, les violences et les manquements aux paroles données vont causer la perte d'un pays que tous les rois de France et la plupart des rois d'Angleterre ont voulu s'approprier.

 

Constance de Bretagne

 

 

Ignoré par beaucoup, le destin de constance, première duchesse de Bretagne, n'est pas sans rappeler celui de la Duchesse Anne. Comme elle, elle fut mariée contre son gré, à plusieurs reprises.

 

Constance est née vers 1161, c'était la fille de Conan IV de Bretagne et de Marguerite, fille d'Henri de Nothumberlland, prince d'Écosse et sœur des rois d'Écosse Malcolm IV et Guillaume dit le Lion.

 

En 1166, son père malade abdiqua en sa faveur et elle devint duchesse de Bretagne, mais en réalité le pouvoir dans le duché était dans les mains d'Henri II, roi d'Angleterre.

 

En juillet 1181 elle fut contraint d'épouser, viols de sa conscience et de son corps, contre son gré, Geoffroy Plantagenêt, fils du roi Henri II. Le pouvoir effectif de Geoffroy en Bretagne fut bref, car il mourut à 28 ans en 1186 dans un tournoi à la cour de France où il s'était réfugié après être entré en rébellion contre son père. De son mariage avec Goeffrey Constance aura deux enfants : Arthur, qui lui succèdera et Éléonore née en 1184 qui sera gardée prisonnière, comme otage, par Jean sans Terre de 1202, jusqu'au 10 août 1241, date de sa mort, sans doute à Bristol. Triste sire, à bien des égards, que le Prince Jean sans Terre.

 

Après la mort de son premier mari, Constance exerca pleinement le pouvoir en Bretagne, même après qu'elle se soit remariée, contrainte et forcée, avec le faible Ranulph de Blondeville, comte de Chester, un favori du roi d'Angleterre, qui le lui imposa pour tenter de la garder sous sa coupe. Femme de caractère, en 1196, elle fit reconnaître son fils Arthur, seulement âgé de huit ans, comme duc par une assemblée de nobles Bretons. Pour se venger de cet affront qui bouleversait également ses projets sur la Bretagne, Richard Cœur-de-Lion fit enlever Constance par son falot de mari. La duchesse fut gardée prisonnière, sans doute à Pontorson.


Une fois libérée, elle fit casser son mariage avec l'infâme Ranulph de Blondeville, elle se remaria avec Guy de Thouars et lui donna deux filles : Alix et Catherine.

 

Constance meurt à Nantes au début du mois de septembre 1201 après avoir réussi à maintenir l'indépendance de son duché.

 

 

La longue guerre de succession : 1341-1364

 

Il faut replacer la longue période qui suit dans son contexte historique "Européen" de l'époque : La guerre de Cent Ans. Ce conflit couvrit une période de 116 ans (1337 à 1453) pendant laquelle s'affrontèrent la France et l'Angleterre lors de nombreux conflits, entrecoupés de trêves plus ou moins longues. Chacun des deux pays nouant ou dénouant des alliances avec des pays riverains.

 

La guerre de succession ou guerre des deux Jeanne, Jeanne de Montfort dite la Flamme et Jeanne de penthièvre dite la Boiteuse, va durer 23 ans. Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette guerre, il faut remonter quelques générations avant le début de cette tragédie.

 

A la mort d'Arthur le pouvoir revint à sa fille Alix, née d'un deuxième mariage de la duchesse Constance avec Guy de Thouars. Voulant à tout prix éviter une seconde ingérence Anglaise en Bretagne, Philippe Auguste donna en 1213 le duché à Pierre de Dreux avant qu'il n'épouse Alix. Une fois encore un duc imposé tomba sous le charme de la duchesse et de son pays et il devint plus Breton que les Bretons de souche. Pierre de Dreux, dit aussi Pierre Mauclerc, dépouilla le comte de Penthièvre, annexa les terres dont les seigneurs étaient mort sans enfant majeur et limita le nombre de châteaux forts.

 

 Il voulu mettre le clergé trop influent au pas, mais cela lui valu quelques problèmes avec l'église. Pendant la régence de Blanche de Castille, soucieux d'accroître son autorité, il conspira contre la régente. L'Angleterre refusant de lui prêter assistance, il dut se soumettre en 1234 et il fut contraint d'abdiquer en 1237 en faveur de son fils Jean I qui se réconcilia par la suite avec Saint Louis. C'est Jean I qui introduisit le blason moucheté d'hermine; en se basant sur le blason de Pierre Mauclerc


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Pierre Mauclerc

 

Grand poète et fin diplomate, Jean I réussit à maintenir un équilibre extrêmement précaire dans les relations entre la Bretagne et la France et entre la Bretagne et l'Angleterre. Son fils, Jean II, connu un règne paisible de 1286 à 1305 et c'est sous le règne du duc suivant,  Arthur II, marié deux fois, que la situation se détériora. Jean III, issu du premier mariage d'Arthur II, monta sur le trône en 1312 et mourut en 1341, alors que ses deux frères étaient déjà morts. La guerre de succession allait commencer... 

 

Jean III, s'était toujours refusé à reconnaître son demi-frère Jean de Montfort comme héritier. Sa nièce, Jeanne de Penthièvre, réclama le duché en tant que petite-fille d'Arthur. Pourtant, Jean de Montfort se proclama duc de Bretagne, dès la mort de Jean III, en s'appuyant sur la loi salique. Sans plus attendre, il ouvrit les hostilités en s'emparant de Nantes et en prenant possession du trésor entreposé par Jean III à Limoges. Il conclut un accord avec Edouard III. En 1341, Philippe VI, roi de France et futur battu de Crécy,  nomma son neveu Charles de Blois ( le mari de Jeanne de Penthièvre ) duc de Bretagne et fit prisonnier Jean de Montfort. La guerre aurait pu s'arrêter là, c'était sans compter sur l'obstination de Jeanne de Montfort.

 

L'histoire est compliquée du fait du prénom commun des femmes des deux protagonistes, pour y voir plus clair, un rappel.

 

Jean de Montfort, époux de Jeanne de Montfort était soutenu par la petite noblesse, quelques évêques, une grande partie du peuple et bien sûr par l'Angleterre.

 

Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre était soutenu par les grands vassaux Bretons et Français, le haut clergé et le roi de France.

 


Charles de Blois

 

En 1342, Le clan de Charles de Blois et les Français prirent la ville de Rennes. Ils envoyèrent leur armée à Hennebont où s'étaient réfugiés Jeanne de Montfort et son fils Jean. Pour tenter de briser l'encerclement d'Hennebont, Jeanne sortit une nuit avec quelques centaines d'hommes et mit le feu au camp français, en outre, elle réussit à rentrer dans Hennebont le surlendemain. Le siège ne fut pas levé mais la femme de Jean de Montfort héritera un surnom de cet épisode : Jeanne la Flamme. Les Anglais, alliés des Montfort, prévenus de cette tentative tentèrent de briser le siège d'Hennebont en passant à l'attaque. Ils firent reculer les Français, mais en fuyant ceux-ci s'emparèrent de Vannes et d'Auray.

 

En 1343, Le pape ordonna aux deux camps de signer la trêve de Malestroit. Jean de Montfort fut libéré. Mais il mourut en 1345. Son fils fut mis sous le  tutorat d'Edouard III. En 1347, Charles de Blois fut fait prisonnier par les Anglais. Mais même privés de leurs meneurs, les clans opposés continuèrent à s'entredéchirer. De 1348 à 1351, la Bretagne connu une période très noire, à cause de la peste et des ravages des hordes de pillards, le peuple sombra dans la misère la plus totale.

 

En 1352, les Montfort prennent leur revanche en s'emparant du château de Mauron. Pourtant Edouard III tenta de trouver un accord par la diplomatie et pour cela il, il libèra même Charles de Blois. Mais la capture de Jean le Bon en 1356 à Poitiers coupa net les négociations.

 

C'est alors que Duguesclin entra dans la légende par un coup de main audacieux. Duguesclin s'était déjà emparé du château de Fougeray en déguisant ses hommes en bûcherons, en 1357 il intercepta un convoi anglais de vivres qu'il détourna vers la ville de Rennes assiégée depuis deux ans. Un coup de main audacieux qui obliga le duc de Lancastre à lever le siège.

 


La Bataille d'Auray

 

En 1362 Jean de Montfort le Jeune retourna en Bretagne. En 1364 les deux camps décident d'en finir: ils s'affrontèrent le 29 septembre à Auray. Grâce à une meilleure préparation de la bataille, les Anglais alliés des Montfort prirent le dessus.Les nobles  Français s'enfuyèrent, seuls les combattants bretons restèrent fidèles à Charles de Blois. Celui-ci trouva la mort au cours du combat. La paix fut enfin signée le 12 avril 1365 à Guérande. Jean de Montfort fut couronné sous le nom de Jean IV, il reconnu la suzeraineté honorifique de Charles V roi de France et il promit de céder son duché à Jeanne de Penthièvre s'il n'avait pas d'héritier mâle. La Bretagne allait enfin connaître les plus belles années de son histoire...

 

Le combat des Trente

 

L'un des épisodes les plus marquants de la guerre de succession fut le combat des Trente.

Victorieux sur tous les fronts, Edouard III en faisait à sa guise sur les territoires conquis et il donna carte blanche au chef de son armée, Thomas Dagworth.  En Bretagne, ses troupes, composées de mercenaires de toutes origines, se livraient au brigandage, rançonnant les paysans et pillant les châteaux. A leur tête, le tristement célèbre Croquart, un coupe-jarret sans  foi, ni loi. Le roi de France voulu l'enrôler sous sa bannière. Sans doute ne proposa t'il pas la somme qu'il fallait.

 

Oublieux des accords intervenus en 1348, aux termes desquels chaque camp avait convenu de se comporter dignement, un homme allait également se distinguer par sa cruauté. Il s'appellait Richard Robert Bembro. Par vengeance, les Bretons le surnommèrent Penn Broc'h  (Tête de Blaireau). Il venait d'être à peine promu commandant de la garnison de Ploërmel que déjà il s'était fait remarqué par sa cruauté. Il se comportait en véritable tyran à l'égard de la populace. Ce que n'appréciait pas du tout son adversaire Français qui commandait la place forte voisine de Josselin, Jean de Beaumanoir. Aussi ce dernier lui proposa-t-il, en mars 1351, une rencontre pour lui faire part de sa réprobation.  En s'approchant de Ploërmel de Beaumanoir croisa un groupe de paysans enchaînés, frappés et poussés comme du bétail par des mercenaires anglais.


L'entrevue entre les deux chefs de guerre se passa mal. De Beaumanoir lança un défi à  Bembro. Il fut décidé que la querelle serait vidée, le 26 mars 1351, en champ clos dans un combat, sans quartier, opposant trente Franco-Bretons à trente Anglais épaulés par quelques Allemands et quelques Bretons.

 

Avant la rencontre, les hommes de Beaumanoir se confessèrent et entendirent la messe. Puis leur chef les exalta au combat, lui-même se disant décidé à "vaincre ou mourir". Il y avait parmi les trente : Éven Charuel, Alain de Keronrois, Geffroy du Bois, de Tinténiac, Guillaume de Montauban..


A la reprise du combat, Bembro se jeta sur de Beaumanoir et le somma de se rendre. De Keronrois lui porta un coup terrible au visage qui le précipita à terre. Bembro se releva quand même. Un coup de hache sur la tête l'étendit pour de bon. Après la mort du chef Anglais le combat redoubla de violence. Blessé de partout, épuisé, assoiffé le chef Français demanda à boire.  < Bois ton sang, la soif te passera ! >  lui lança un de ses ennemis.


Le capitaine anglais prit peur en les voyant arriver, décidés et armés jusqu'aux dents. Il proposa, siné dié, de reporter la rencontre. "Bel ami, dit-il à de Beaumanoir, il nous faut auparavant consulter nos maîtres. Si cela leur agrée nous reviendrons". Even Charuel  furieux cria aussitôt: "Malheur à qui s'en ira sans combattre !". Furieux d'essuyer un refus, Bembro éclata à son tour : "Les Bretons sont perdus ! Tuez-les tous ! Qu'il n'en reste pas un !". Au signal donné ce fut la ruée, les Anglais prirent rapidement l'avantage. Even Charuel fut fait prisonnier, deux de ses amis furent tués. Après le premier assaut d'un commun accord, les belligérants observèrent une courte trêve pour se rafraîchir.


Après plusieurs heures de lutte, le combat était incertain lorsque Guillaume de Montauban sauta  sur son cheval et se précipita sur les Anglais, lance en avant. La manœuvre hardie prit ceux-ci au dépourvu et plusieurs furent culbutés. Le cavalier intrépide revint à la charge et renversa encore un certain nombre. Quelques uns de ses amis, dont Even Charuel de Plouigneau s'engouffrèrent dans la brèche qu'il avait ouverte et le combat tourna à l'avantage des hommes de beaumanoir. Les survivants Anglais furent conduits au château de Josselin.

 

 

Duguesclin, ce mercenaire Français

 

Beaucoup voit en Bertrand du Guesclin un Breton dont les faits d'armes méritent que son nom ou son effigie ornent les rues, les places ou les lieux publiques en Bretagne. Hors Toute sa vie, il n'a servi que les intérêts des rois de France et il n'a jamais rien fait pour sa patrie d'origine. Rappel de quelques uns de ses faits d'armes.

 

Le "Dogue noir de Brocéliande" naquit à la Motte de Broons en 1320, au sud de Dinan. Doté d'un physique ingrat, mais d'une force peu commune, il se fit un nom en tant que redoutable combattant. Pendant la guerre de succession, il se battit pour Charles de Blois allié de la France et il s'illustra pendant le siège de Rennes.

 

En 1356 du Guesclin entra au service de la France et du dauphin Charles en 1358. Pour lui, il affronta le roi de Navarre Charles le Mauvais, grand comploteur. Il le mettra définitivement hors d'état de nuire le 16 mai 1364  à la bataille de Cocherel. Le roi de Navarre perdra alors ses possessions françaises et tout son poids politique.

 

 Le 19 mai 1364  Charles V fut sacré roi de France. Pendant ce temps, la guerre de succession de Bretagne se poursuivait. Le 29 septembre 1364 du Guesclin fut capturé à la bataille d'Auray où mourut Charles de Blois. La Bretagne passa aux mains des Montfort..Charles V paya la rançon et chargea du Guesclin, en 1366, d'emmener les Grandes Compagnies en Espagne. Le 3 avril 1367 du Guesclin et Henri de Trastamare - prétendant au trône d'Espagne - furent battus par Pierre le cruel et le prince noir d'Angleterre à la bataille de Najera. Du Guesclin fut capturé et emmené en captivité à Bordeaux par les anglais. Le 17 janvier 1367 Il fut libéré et il retourna, sur le champ, guerroyer en Espagne.

 

Le14 mars 1369  à la bataille de Montiel du Guesclin remporta une grande victoire sur les armées du roi de Castille Pierre le cruel qui y perdra la vie. Ce sera une victoire finale inespérée pour Henri de Trastamare qui comblera du Guesclin d'honneur.

 

Charles V recevant du Duesclin

 

Du Guesclin fut fait connétable par Charles V. Le 2 août 1369. Il entreprit alors une efficace guerre de harcèlement contre les anglais qui aboutira à la libération des régions conquises par les anglais pendant la première phase de la guerre de cent ans. : 1370 : Libération du Maine et de l'Anjou : 1372 : Libération du bocage Normand. : 1373 : Libération de la Bretagne moins Brest  1378 : Libération de la Normandie, moins Cherbourg. Le 13 juillet 1380  du Guesclin mourut au siège de Châteauneuf-de-Randon. Charles V insista pour que son fidèle connétable fut enterré à Saint Denis dans la nécropole des rois de France.

 

 

les traités maltraités

 

Le premier traité de Guérande (1365) régla la Guerre de Succession de Bretagne. Celle-ci avait vu s'affronter pendant plus de deux décennies deux familles, les Penthièvre et les Montfort. Les seconds finissent par l'emporter. Les droits des deux familles sont cependant reconnus : 1) le duché devant se transmettre de mâle en mâle dans la famille des Montfort. 2) en cas d'absence de descendant mâle chez les Montfort, il devait passer aux mâles de la famille de Penthièvre.

 

Ce traité n'excluait pas les femmes et les filles de la succession et encore moins de la transmission des droits (il précisait cependant que le duché ne reviendrait pas aux femmes, tant qu'il y aurait des héritiers mâles). A noter aussi que les Montfort n'avaient guère affirmé qu'ils respecteraient à la lettre ce traité. En parallèle, le royaume de France conservait une certaine mainmise sur le duché.

 

En un an, le Prince Noir, puis son père Édouard III d'Angleterre, moururent, du Guesclin fut chargé de conquérir les dernières places Anglaises en France. En 1377, il conduisit une campagne triomphale dans le Bordelais. En 1378, il s'empara des deux fiefs de Charles le Mauvais : le comté d'Évreux et le Cotentin. Désormais le roi n'avait plus qu'un ennemi en France : le duc de Bretagne. Et l'occasion n'a jamais été aussi belle de l'abattre. Jean de Montfort s'était, en effet, rendu odieux à tous ses sujets en menant une politique très anglophile. Il avait donné les principaux châteaux de son duché à des Anglais, il avait aidé Lancastre, il résidait souvent à Londres. Même ses partisans les plus fidèles se détournèrent de lui. Le 9 décembre 1378, Charles V convoqua Jean de Montfort devant le Parlement, afin d'y réponde de l'accusation de trahison. Ce dernier ne se présenta pas, le roi rendit son verdict.

 

Tout le monde s'attendait à ce qu'il attribua le duché à Jeanne de Penthièvre. Mais le commit alors la première erreur de son règne : le duché fut réuni à la couronne de France et la Bretagne cessa d'exister ! Dans toute la péninsule, ce fut l'indignation. Le duc détesté retrouve une popularité inespérée. Lorsque Jean de Montfort débarqua à Saint-Malo, le 3 avril 1379, la population l'acclama et Jeanne de Penthièvre lui rendit hommage à genou. Elle préféra encore son mortel ennemi au rattachement forcé de la Bretagne à la France. Charles V s'entêta. Il chargea ses deux principaux chefs militaires, le connétable du Guesclin et Olivier de Clisson, de mater la révolte. Par une cruelle ironie du sort, ils étaient Bretons tous les deux. Ils le supplièrent de renoncer, mais le roi resta inflexible : du Guesclin entreprit le siège de Rennes et Clisson celui de Nantes. Ils obéirent la mort dans l'âme. Les deux sièges s'éternisèrent sans qu'aucun combat soit livré, car un tel ordre n'aurait pas été obéi. En avril 1380, Charles V se rendit enfin compte de son erreur et fait lever le siège.

 

Le second traité de Guérande, signé le 4 avril 1381, restitua la pleine direction du duché au duc Jean IV contre l'hommage au roi de France, une indemnité et le renvoi des conseillers anglais.

 

Pendant quelques années, la péninsule connu un certain calme, Charles VIII n'ayant cependant pas renoncé au rêve des Capétiens de soumettre la Bretagne. En 1487, il fait envahir ce pays, mais l'armée royale échouera une première fois à Nantes. Cependant lors du second combat, le 28 juillet 1488, les troupes Bretonnes seront défaites à Saint Aubin du Cormier, près de Rennes. Cet échec militaire marquera la fin définitive de l'indépendance Bretonne même si de nombreux protagonistes l'ignorent encore. Par le Traité du Verger signé près d'Angers le 20 août 1488, François II dut accepter que sa fille Anne, héritière du Duché, ne se marierait qu'avec le consentement du roi de France. Clause d'un traité lourde de conséquence.

 

La bataille de Saint Aubin du Cormier

 

La "guerre folle" qui s'ensuivit après le traité du Verger fut la conclusion d'une suite de conflits entre le roi de France et les grands féodaux du royaume - Elle est également nommée, guerre de Bretagne ou guerre d'indépendance Bretonne  -. Elle avait débutée par le non respect du traité précédent signé par François II et le roi de France. Les origines de cette guerre venaient tout droit de la volonté du royaume de France de profiter de l'arrivée sur le trône de Bretagne d'une fillette de 11 ans, dont les droits pour règner étaient discutables selon les Français.

 

 L'armée Bretonne ayant été défaite à Saint Aubin du Cormier, le pays devait quand même se défendre, donc chercher des alliances :

1) Le 10 février 1489, le traité de Rennes fut signé entre le duché et l'Angleterre : le roi Henri VII fournit 6000 hommes de la mi-février à la Toussaint, chaque année, à charge pour la Bretagne de solder la troupe et de l'entretenir.

2) Le 14 février, deux pactes entre l'Autriche et l'Espagne et l'Autriche et l'Angleterre furent signés à Dordrecht, contre la France ; ils sont complétés le 27 mars par un traité anglo-espagnol à Medina del Campo.

 

Le 3 décembre 1489, le parti Breton accepta le traité de francfort, signé entre Maximilien d'Autriche et le roi de France le 22 juillet. Celui conserva Brest, plus les places qu'il avait depuis le traité du Verger : Dinan, Fougères, Saint-Aubin-du-Cormier et Saint-Malo. La Bretagne renvoia ses mercenaires.

 

La paix dura un an, mais on s'arma des deux côtés. Le 4 juillet, les États de Bretagne furent réunis à Vannes. Ils ratifièrent les impôts nouveaux et accordèrent de nouvelles taxes. Ces lourds impôts supplémentaires permirent de payer les ralliements de : 1) Jean de Rieux qui fut absous de sa trahison et qui reçu une prime de 100 000 écus, plus 14 000 de rente. 2) d'Alain d'Albret, qui obtient lui aussi 100 000 écus et la main d'Isabeau pour son fils. 3) Françoise de Dinan, sa demi-soeur. Ces sommes à verser représentaient quatre fois le budget annuel du duché, mais elles seront intégralement versés par tranches.

 

Le 2 janvier 1491, Alain d'Albret trahit son engagement et signa le traité de Moulins avec le roi de France : la ville de Nantes lui fut promise. Il s'en empara le 19 mars. Le 4 avril, le roi fera son entrée dans la ville qui n'opposera aucune résistance, celle-ci ayant été évacuée par le maréchal de Rieux. L'armée royale comptant 50 000 hommes. La Bretagne est dès lors considérée comme conquise. En juillet, le siège sera mis devant Rennes, où le parti d'Anne, composé de 12 000 hommes affamés, résistera encore quelques mois.

 

Le 27 octobre 1491, convoqués à Vannes par Charles VIII, les États de Bretagne conseillèrent à Anne d'épouser le roi de France. Une entrevue préliminaire à Laval posa de nombreuses conditions dont l'occupation du duché par l'armée du roi de France et le mariage d'Anne avec ce dernier À l'issue du siège de Rennes, le mariage avec le roi de France avec Anne de Bretagne fut accepté le 15 novembre, par un autre traité celui de Rennes. Les fiançailles eurent lieu le 23 novembre, à Rennes et le mariage fut célébré le 6 décembre au château de Langeais. Le sort de la Bretagne en tant que 'État libre et souverain était scellé.



Anne Jeune

 



31/01/2008
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