Les drames humains

 

 

"Kerfank" le camp de Conlie

 

C'est Gambetta qui créa en 1870 le premier camp de concentration et d'extermination de l'histoire, bien que ce soit de Kératry qui l'édifia. Peu rancuniers des élus Bretons ont donné à des rues de leurs villes le nom de Gambetta, l'assassin de quelques milliers de leurs compatriotes.

 

 

Retour sur un épisode soigneusement occulté de l'histoire, la malheureuse aventure de l'armée de Bretagne, mais rappelons les faits. Après la défaite de Sedan les moblots Bretons de Trochu avaient joué un rôle important dans la défense de Paris, la valeur des soldats Armoricains ne faisait aucun doute, c'est pourquoi le gouvernement demanda au général de Keratry d'établir un camp à Conlie, dans la région du Mans, et d'y rassembler les mobilisés et les volontaires de l'ouest de la France pour y former une "armée de Bretagne". Cette armée, que l'on pensait porter à 80 000 combattants, devait être encadrée par des chefs bretons et devait monter au combat derrière des étendards brodés d'hermines. De Kératry rassembla une armée de 25 000 hommes dès le 10 novembre 1870 et au total près de 60 000 hommes passèrent à Conlie. Les baraquements ne furent pas construits avant l'arrivée des premiers mobilisés, ils furent hébergés dans des conditions abominables, avant que les premières tentes furent montées et offrirent des abris précaires. Le sol du camp, labouré peu de temps avant l'arrivée des mobilisés, se transforma vite en un lac de boue, ce qui donna à Conlie son nom Breton : "Kerfank", le village de la fange.

 

 


Marins Bretons défendant Paris pendant le siège de 1870

 

 

Gambetta se souvenant sans doute de l'aventure de la Duchesse de Berry, décida qu'il ne ferait pas équiper une armée de volontaires dont la plupart ne parlait pas le Français et il soupçonna injustement de Kératry de vouloir s'aider de cette armée pour demander un changement de statut de la Bretagne. Le sort des mobilisés de l'Ouest était scellé, il fallait s'en débarrasser au plus tôt, soit en les laissant croupir dans le bourbier du camp de Conlie, soit en les engageant avec des armes de mauvaise qualité dans les premières batailles à venir. Bien que les arsenaux, dont celui de Brest, étaient pourvus de bons fusils Chassepot, il était prévu d'armer ces hommes et de les entraîner avec les surplus de la guerre de Sécession américaine, mais même ces misérables armes promises par Gambetta n'arrivèrent pas.

 

Bientôt les épidémies firent des ravages dans le camp et 1942 malades se retrouvèrent dans les ambulances. 143 moururent, la plupart de la variole ou de la tuberculose, et il y eut 1433  évacués, 208 réformés, puis le reste des malades fut congédié. Le 24 novembre, 4000 carabines Américaines furent livrées au camp sur ordre de Gambetta, mais sans les bonnes munitions. De Kératry rencontra Gambetta au Mans et celui-ci lui ordonna de rassembler 10 000 hommes et de les faire marcher sur St-Calais. Faute d'attelages et surtout de chevaux, ce furent des marins qui traînèrent les canons à la force des bras, mais les Prussiens s'esquivèrent et il n'y eut pas de combat. Lassé de voir ses demandes d'armements et d'approvisionnements ignorées, De Kératry démissionna le 27 novembre et il fut remplacé par le général Marivault. Dès son arrivée au camp, ce dernier fut atterré de voir l'état physique des troupes dont il venait de recevoir le commandement. Contre l'avis de Gambetta, qui pourtant avait visité le camp et connaissait la déplorable condition des mobilisés, Marivault décida l'évacuation partielle du camp. Le retour des soldats en Bretagne souleva une vague d'indignation et de colère.

 

Le reste des mobilisés de Conlie fut engagé sur le champ de bataille du Mans, affaiblies par les privations et les maladies, peu ou pas armés, ils reçurent des vieilles carabines Springfield rouillées ou bloquées par la graisse durcie, le 10 janvier 1871, la veille de la bataille. Ils durent cependant supporter le poids de l'offensive Prussienne et furent écrasés sous le nombre. Le général Chanzy ordonna la retraite et prévint Gambetta du désastre, celui-ci fit porter le poids de la défaite aux mobilisés de l'Ouest affamés, exposés aux maladies et envoyés se faire tuer sans armes. Partout la colère gronda en Bretagne et dès la fin de 1871, une commission d'enquête fut nommée pour savoir ce qui s'était passé à Conlie. Le comportement de Gambetta fut alors connu et l'historien Arthur de la Borderie écrira un long rapport sur ce qui fut le premier camp de concentration et d'extermination de l'histoire. Il y aurait beaucoup à dire sur les politiciens et les officiers de l'époque, un journaliste Anglais du Times déclara à des combattants de la guerre de 1870 : < Vous êtes des lions commandés par des ânes >.

 

Il reste du camp de Conlie quelques monuments commémoratifs, dont la croix des Bretons. Plus d'un siècle après, le ressentiment n'est toujours pas tombé en Bretagne parmi ceux qui connaissent cette tragédie et le groupe Tri Yann a écrit une chanson sur "Kerfank."

 

 

14 / 18, les troupes "coloniales" Bretonnes

 

Il y a-t-il eu une certaine forme de génocide à l'encontre des mobilisés Bretons pendant la grande guerre ? Au vue de certains chiffres on peut se poser la question.

 

Le chiffre le plus couramment admis de soldats Français morts pendant la guerre de 14-18 est 1.357.000. Le chiffre le plus bas admis de soldats Bretons tués est de 154 000, pour mémoire, le long du mur cernant l'esplanade du sanctuaire de Sainte-Anne à Auray sont inscrits, paroisse par paroisse, 154.000 noms parmi les 240.000 soldats et marins bretons morts pendant la première guerre mondiale. En effet, de nombreuses sources évoquent le chiffre effroyable de 240 000 morts. Hors la région Bretagne arrive en 10 ième position pour sa superficie et la 7 ième région pour sa population. Ces chiffres sont récents et si la superficie n'a pas changée, au début de la guerre de 14 –18, sa population était moins nombreuse. Si on considère le chiffre "officiel " de 154 000 tués, cela ferait que les soldats Bretons morts représentent presque 20 % des pertes et si le chiffre de 240 000 est réel, peu de Bretons en doute, cela voudrait dire que 1 tué surr 5 venait de l'Ouest...

 


 

Le "Mobile" du monument de Sainte Anne d'Auray

 

On peut affirmer sans faire dans la démagogie que la population masculine de Bretagne a été saignée à blanc durant la première guerre mondiale, les monuments aux morts de chaque commune et le mur d'Auray sont la pour le rappeler. Après la guerre de 1870, seules les villes Bretonnes connurent une certaine prospérité l'intérieur des terres resta au stade de colonie de la France, chargée de nourrir les populations des villes. La majorité des soldats Bretons au début de la grande guerre étaient de ruraux, parlant peu ou pas français. Ils avaient la réputation d'être courageux, disciplinés, endurants et bons soldats. Cela explique pourquoi les régiments Bretons étaient souvent envoyés en première ligne se faire décimer en même temps que les régiments coloniaux, tirailleurs Sénégalais, Marocains, Algériens, etc.. Dans nombre d'offensives les régiments de l'Ouest seront dans les premières vagues qui se feront hachées sous les obus et les tirs de mitrailleuses ou qui seront jetés sur les champs de mines pour ouvrir des passages. Le cas le plus connu de troupe complètement décimée est celui du 2e Régiment d'infanterie coloniale de Brest qui passa en une journée de 3326 à 476 hommes. Le général Nivelle après le désastre de l'offensive du Chemin des Dames et du plateau de Craonne se vanta d'avoir < cassé > du Breton.

 

Le nombre de 150 000 morts comptabilisés ne reprend pas les pertes de la diaspora Bretonne embrigadée dans les régiments d'autres régions : Normandie, Anjou, Vendée ou de Dordogne. On trouvera au début de la guerre les fusiliers-marins de l'Amiral Ronac'h combattant en Belgique et plus tard, en 1917, il y aura des Bretons dans les régiments américains venus au secours des Français.




Fusiliers marins de Ronarc'h


L'armée Française pouvait ajouter la honte à l'horreur de la guerre en fusillant ses propres hommes pour des délits non avérés, parmi ces "fusillés pour l'exemple", il y a, entre autre victime, François-marie Laurent de Mellionnec.


Difficile de parler des morts de 14-18 sans évoquer également Yann-Ber Calloc'h l'un des plus grands poétes que la Bretagne a connu.


 Breiz Atao, Gwenn ha Du, Bleun Brug et B.A.S.

 

Les pertes humaines lors des guerres de 70 et de 14-18 eurent pour conséquence d'attiser un ressentiment important à la fois contre les allemands, mais aussi contre la France. Ce ressentirement provoquera un mouvement de recherche identitaire à la fois sur le plan politique, mais aussi culturel.  Que ce soit dans les créations d'associations de partis politiques ou de leurs organes de propagande ou pour le renouveau de la langue ou de la musique, elles viendront pratiquement toutes de la droite catholique. La gauche Bretonne qui se retrouvait essentiellement parmi les fonctionnaires ayant choisit son camp, en particulier les instituteurs, grands exterminateurs de la langue Bretonne. Les communistes dans l'Ouest, comme les "gaullistes", dont les chefs respectifs étaient bien à l'abri en Russie ou planqué à Londres, surgiront de nulle part en 1944 lorsque le danger sera moindre, le plus souvent pour pouvoir régler des comptes en toute impunité, en assassinant surtout les Bretonnants proche de la religion, les intellectuels, les poètes, les musiciens, etc. de préférence désarmés.

 

Ce sont quelques groupuscules et leurs publications qui donneront souvent de faux prétextes aux pseudos patriotes de 44 à 46 et les armeront pour exécuter sommairement tout ce qui ressemblera de près ou de loin à un Breton Bretonnant. Mais ces groupuscules quels sont ils ? En 1898, apparaîtra l'Union régionaliste Bretonne - URB -, qui semble être le premier mouvement un peu structuré. Cette Union sera remplacée en 1911 par la Fédération régionaliste bretonne - FRB  -. Ces deux mouvements demandèrent timidement que la Bretagne soit considérée comme une région distincte. En 1911, C'est le Groupe Régionaliste Breton ou GRB qui prendra le relais en durcissant le ton, ce groupuscule agissant aura pour publication Le journal "Breiz Atao" dont le premier numéro paraîtra en janvier 1919. En mai 1920, il deviendra l'organe du Groupe régionaliste Breton l'Unvaniez Yaouankiz Vreiz ou UYV. En 1927, l'UYV se radicalisera et deviendra un parti politique : le Parti Autonomiste Breton ou PAB. Lors de son congrès de 1931, ce parti explosera sous les divergences.

 

Suite aux querelles internes le PAB disparaîtra donc en 1931 au profit de deux tendances les fédéralistes internationalistes d'une part et les nationalistes d'autre part. Le journal "Breiz Atao" cessera de paraître durant l'été suivant. Au congrès de Guingamp en août 1931, le PAB cessera définitivement d'exister. Les fédéralistes créeront dans la foulée la Ligue Fédéraliste de Bretagne. Il existera aussi, mais très éphémèrement un parti de gauche socialiste et autonomiste, le parti National Révolutionnaire Breton. De leur côté, les nationalistes créeront le Parti National Breton à la fin de1931 et un journal "La nation Bretonne" pour remplacer "Breiz Atao". Ce nouveau nom ne plaisait guère et assez rapidement le journal du PNB redeviendra "Breiz Atao"  Le fait marquant de cette période sera le plasticage en 1932 du "monument de l'union" à Rennes, ainsi que ceux des voies de chemin de fer à hauteur de la frontière historique entre la Bretagne et la France, sans oublier les incendies de quelques préfectures par des sympathisants du mouvement "Gwenn ha Du".

 

Pendant la période de l'Occupation, quelques membres influents du PNB prendront une part active dans la collaboration avec l'occupant Allemand, ce qui discréditera pour plusieurs dizaines d'années le mouvement autonomiste Breton. Pire, aux yeux des participants de l'épuration anti Bretonne, en mai 1944, Célestin Lainé, en dissidence du PNB crééra un deuxième PNB plus radical et relance un journal reprenant le titre de "Breiz Atao". Seuls quelques numéros, pro-nazis, paraitront.

 

Au plan culturel, il est important d'évoquer un mouvement d'action catholique Bretonnant très fort. Même si certains de ses membres étaient proches des nationalistes Bretons, ce mouvement restera plutôt agissant dans le domaine culturel et pour la propagation de la foi. Le "Bleun-Brug" ou  "Fleur de Bruyère" fut créé en 1905 par l'abbé Perrot. Cette association fut son combat, pour défendre la foi, la langue et les traditions Bretonnes. Chaque année, il y  aura une fête du "Bleun Brug" qui sera organisée dans une ville Bretonne différente et ce jusqu'à l'assassinat de l'abbé Perrot par un sympathisant communiste, alcoolique notoire, en 1945. Plus tard il sera dit que si l'abbé a été exécuté c'était à cause de ses sympathies avec les autonomistes, la vraie raison est ailleurs. Ses supérieurs lui reprochant son combat pour la défense de la langue Bretonne avaient sanctionné L'abbé Perrot en l'exilant à Scrignac, un bastion rouge, c'était assez pour que des "Moscoutaires" décident de l'abattre en lui tirant dessus par surprise. La mort de ce prêtre sera un mauvais prétexte pour les nationalistes du PNB de créer une formation militaire pro-nazi qui portera le nom de "Bezen Perrot." Un argument de plus des "résistants de la dernière heure " pour justifier un début de génocide des intellectuels et des sympathisants de la culture Bretonne pendant l'épuration dès 44.


 


L'abbé Perrot, tableau d'Yves Floch

 

Evénement très important  de cette période tourmentée La création de la "B.A.S" ou "Bodadeg ar Sonerion" , c'est à dire l'association des sonneurs qui vit le jour le 23 mai 1943 sous l'impulsion de l'Institut Celtique de Bretagne, association apolitique soucieuse de sauver et de promouvoir la musique Bretonne. Hors les formations de sonneurs défilant en formations ordonnées, certains y verront des associations para militaires à la solde des Allemands. Outre les autonomistes, les prêtres Bretonnants, les intellectuels et les poètes de langue Bretonne, les musiciens des bagadous seront nombreux à connaître les geôles et les brimades de l'épuration, quelques uns, moins chanceux, connaîtront des exécutions sommaires de la part des "patriotes" de la dernière heure. Le nombre des assassinats d'activites Bretons et de simples Bretonnant doit être multiplié par deux ou même trois, par rapport au chiffre officiel. Si le terme assassinats peut choquer, il faut rappeler que les nationalistes pro nazis du PNB et de la Bezen ne furent qu'une poignée et que le nombre d'exécutés fut, d'après certains historiens, supérieur à 1 000. Un auteur à écrit plusieurs ouvrages sur l'autonomisme en Bretagne, Ronan Caerléon, en particulier dans "Complots pour une république Bretonne".

 

De cette période troublée restera, jusqu'à il y a peu de temps encore, l'impossibilié d'accoler deux mots : "Breiz Atao" - "Bretagne Toujours" - même de manière banale dans un texte quelconque, sans risquer d'être fiché par les Renseignements Généraux comme terroriste et activiste dangereux...



Pollg Monjarret, le créateur de Bodadeg ar Sonerion

 

 

Le "quart" de la France de juin 40

 

L'île se Sein se trouve au large de la pointe du Raz, un des endroits au Monde où la mer est la plus dangereuse. Anatole Le Braz a écrit "Quand on dit aux femmes de l'île de Sein que leur cimetière est très petit, elles répondent invariablement" :

 

"Etré an Enez hac ar Beg, man berred ar gwazed"


"Entre l'île et la Pointe - du Raz - est le cimetière des hommes"

 

En juin 1940, 122 Sénans quittèrent leurs mères, leurs femmes, leurs enfants pour certains, et leur île pour défendre une patrie qui ne souciait guère d'eux.

 

Sein 1940

 

Mille neuf cent quarante à la fin de juin

Cent vingt deux hommes de l'île de Sein

Prennent la mer sur six bateaux

Pour l'Angleterre là-haut

Lutter pour la liberté

C'est outrance, Grands de France

Lorsque de leurs enfants vous vous défiez

 

Parlaient-ils français, parlaient-ils breton

Peu vous importait alors la question ;

Ils avaient entendu l'appel,

Crié : « kentoc'h Mervel »

Peint Frankiz sur leur ciré

C'est offense, Grands de France

Que de condamner leur langue au bûcher.

C'est violence, Grands de France

Que de condamner leur langue au bûcher.

 

Voulant suivre leurs hommes en Albion,

Les Sénanes arrachant leur île au fond,

À la rame la menèrent

Droit vers l'Angleterre

Cap au Nord dans les embruns

Quand on pense, Grands de France :

Vous leur déniiez tout droit citoyen.

 

Deux années passèrent et puis deux années,

Pour ceux qui revirent Saint Guénolé.

Tous n'étaient pas du voyage

Quand finit l'orage

Il en manquait plus de vingt.

Gens de France, retenez bien

Ce qu'on fait pour vous tous ces marins.

Gens de France, retenez bien

Ce qu'on fait pour vous les hommes de Sein.

 

Cette chanson du groupe Tri Yann résume bien la situation, tout comme ces chiffres suivants :

 

Le 19 juin 1940, le Zénith un bateau de pêche en bois à voiles et à moteur quitta Audierne, puis passa par l'Ile de Sein avant de rejoindre l'Angleterre. Il y transportera 95 passagers (25 civils et 70 militaires), parmi lesquels les premiers Sénans et  quelques soldats.

Le 22 juin, un gardien du phare d'Ar-Men informa les habitants de l'île que l'appel d'un général français serait rediffusé le soir à la BBC. A l'écoute du message, le reste des hommes valides de l'île décidèrent de rejoindre l'Angleterre.

Les 24 et 26 juin, Les hommes embarquèrent principalement sur 5 bateaux. Le premier, le Velleda, partira avec à son bord la troupe en poste sur l'île et quelques Iliens. Il sera suivi du Rouanez ar Mor, du Rouanez ar Péoc'h, du Maris Stella et du Corbeau des mers. Le reste des122 Sénans, certaines historiens avancent le chiffre de 129, embarquèrent sur des bateaux plus petits. Quelques jours plus tard de Gaulle remarquera qu'ils représentaient environ 25% des premiers Français arrivés à Londres et il leur fera un éloge mérité : "l'Ile de Sein est un quart de la France".

 

 

Les armoiries de l'île de Sein

 

En tout, 142  îliens partirent pour l'Angleterre, plus les Sénans qui furent appelés sous le drapeau laissant les mères, les épouses et les personnes âgées s'occuper de l'île. 32 Sénans ne sont pas revenus après la fin des hostilités. D'abord regroupés sur quelques bateaux, ensuite ils furent répartis sur la plupart des bateaux des FNFL. L'île recevra la croix de la Libération et les valeureux îliens quelques bricoles. Pour solde de tout compte pour  5 des meilleures années de leurs vies données à la France, les volontaires de l'île recevront un costume d'un magasin de Paris, d'un tissu si peu solide qu'ils ne pourront jamais l'utiliser, une paire de mauvaises chaussures avec des semelles en bois et 170 Francs chacun.

 

Les Sénans ne furent pas les seuls Bretons à quitter la France avant l'arrivée des Allemands, quelques uns prirent la mer, le 18 juin 1940, à bord du Richelieu. Le cuirassé en construction s'évada de Brest bombardé pour rejoindre Dakar. En juin 1940 les Bretons qui quittèrent leur pays pour défendre la liberté représentait, en réalité, plus d'un quart de la France. Ce n'est pas pour autant que ce pays leur montra une quelconque réconnaissance.

 


 

Le formidable Richelieu

 

 

le Drame de Mers el Kébir

 

 Le 27 juin, Churchill, après la capitulation Française, décida de mettre hors d'état de nuire la marine française. Cette opération avait pour nom de code "Catapult".

 

le 3 juillet 1940. L'amiral James Somerville reçut donc l'ordre d'appareiller afin de mettre hors d'état de nuire les navires basés à Mers el-Kébir. Arrivé à l'aube du 3 juillet devant la rade, Somerville adressa à l'amiral Gensoul un télégramme imposant un ultimatum dont le terme échouait six heures plus tard. Il fit trois propositions :

soit la flotte Française rejoignait la flotte britannique dans sa lutte contre les Allemands et leurs alliés.

soit elle se sabordait ;

soit elle gagnait les ports Anglais ou de pays neutres afin d'être désarmée.

 

Faute d'accord, a 16h53, l'amiral Somerville donna  l'ordre d'ouvrir le feu sur les navires Français. La flotte française, bloquée dans la rade, était dans l'impossibilité de tirer sur les agresseurs  britanniques, qui étaient, eux, bien abrités par le relief de la côte.

 

Les navires Français furent rapidement écrasés sous un déluge d'obus. Le cuirassé Provence et le croiseur  Dunkerque sévèrement touchés s'échouèrent. Le cuirassé la Bretagne, atteint dans une soute à munitions, explosa et coula en quelques minutes en entraînant une partie de son équipage emprisonnée dans ses flancs. Cet engagement fit 1 300 morts, presque tout Bretons, du côté Français. La plus grande partie de la flotte présente à Mers el-Kébir était dès lors inutilisable et mis à part les FNFL, la Marine Française ne prit pas part à aucun combat contre les Allemands avant 1943. Longtemps après la guerre de nombreux marins Bretons n'avaient toujours pas pardonné à Churchill et à la flotte Anglaise. Ce n'est qu'en 2002 que la Royal Navy fut admise à une cérémonie d' hommage aux morts de Mers el Kébir et de Dakar.

 

Le cuirassé le Bretagne en cours de chavirage

 

Pourtant a Londres, de Gaulle justifiera l'opération "Catapult" en déclarant le 8 juillet 1940 :

 

" …en vertu d'un engagement déshonorant, le gouvernement de Bordeaux avait consenti à livrer les navires à la discrétion de l'ennemi. Il n'y a pas le moindre doute qu'en principe et par nécessité l'ennemi les aurait employés soit contre l'Angleterre, soit contre notre propre Empire. Eh bien, je le dis sans ambages, il vaut mieux qu'ils aient été détruits.  ".

 

De Gaulle mentait, car la flotte Française avait déjà pris des disposition pour se saborder, ce qu'elle fera en novembre 1942 lorsque les Allemands envahiront la zone Sud de la France.

 

 

Maîtres de la désinformation, Les Anglais firent courir le rumeur que le Bretagne avait sauté sur une mine.

 

 

"Remerciements" pour services rendus

 

Outre les "bricoles" offertes au Sénans, la France se distinguera, en maintes circonstances, pour "récompenser" ceux qui donnèrent leurs vies pour la défense de la liberté. Ainsi, les corps des marins tués à Mers el Kébir ne furent jamais rapatriés, peut être parce qu'ils y avait trop de Bretons, peut être parce que leurs chefs hésitèrent trop longuement entre l'obéissance au gouvernement en place et le souhait de rejoindre l'Angleterre.

 

Quoiqu'il en soit, les marins de Mers el Kébir sont morts une seconde fois en 2005, leurs tombes ayant été profanées, les plaques portant les noms des morts du Bretagne ont disparues, lors d'une réhabilitation contestable du cimetière. Cependant, il ne faut pas croire que la France oublie ses "serviteurs", mais pour cela il faut avoir été chef, de préférence loin des batailles, à Londres ou ailleurs. Ainsi, en février 2008, un mémorial a été inauguré à Paris à la mémoire d'un "chef de guerre" qui trouva normal de justifier en 1940 le massacre de 1300 marins de son propre pays, par ses "hôtes" du moment.

 

Les nostalgiques du gouvernement de Vichy ont sans doute apprécié qu'après 1945, la France a conservé l'heure d'été Allemande et que la Bretagne soit dépecée le 30 juin 1941, par le sinistre tandem Pétain / Darlan, de la Loire Atlantique, au profit de la région artificielle des "Pays de Loire". La France de l'après guerre, oublieuse des sacrifices de certains, à vite pardonné à quelques collaborateurs pro-nazis permettant à certains dont Maurice Papon et René Bousquet, tous deux proches de présidents en exercice et décorés de la légion d'honneur, de continuer à faire une belle carrière.

 

"A ses enfants " méritants" la patrie reconnaissante "

 


 

 

 



31/01/2008
1 Poster un commentaire

Design by Kulko et krek : kits graphiques