Anne et le déclin

L'ignoble traité de Montargis

 

Totalement méconnu, le traité de Montargis est un exemple de félonie, de cupidité, de bassesse et de stupidité. Les ambitions imbéciles et meurtrières de quelques uns eurent de grandes conséquences sur l'avenir de tout un peuple.

 

Pierre Landais, né en 1430, fut le principal conseiller du duc François II de Bretagne, qui le laissa gouverner la Bretagne avec une certaine liberté. Il était l'enfant de riches drapiers de Vitré. Il entra au service du duc comme valet de garde-robe de Bretagne, puis devient trésorier et receveur général de Bretagne. Tout-puissant de 1481 à 1485, il tenta de marier Anne de Bretagne au duc d'Orléans. En 1477, il fit arrêter son rival Guillaume Chauvin, chancelier, avant de le faire transférer au cachot en 1481. Guillaume Chauvin mourut le 5 avril 1484 du manque de nourriture et de mauvais traitements, ce du moins ce que prétendirent ceux qui voulaient la peau de Pierre Landais.

 

Le traité de Montargis, signé les 22 et 28 octobre 1484, est un épisode de l'histoire de Bretagne et de France qui témoigne de l'opposition de ces deux pays sur le plan diplomatique. En Bretagne, le duc François II avait donc pour principal conseiller Pierre Landais, défenseur farouche de l'indépendance du duché et ennemi déclaré du parti Français. Sa politique de renforcement du pouvoir ducal se fit au détriment des grands seigneurs Bretons, ce qui les incita à la conspiration, d'autant qu'ils ne souhaitaient pas du tout se brouiller avec le roi de France, car ils étaient, pour la plupart, grands propriétaires en France et en Bretagne et qu'ils bénéficiaient des largesses royales. Ce traité ignoble fut signé entre la régente de France Anne de Beaujeu et cinq seigneurs Bretons rebelles au duc François II et surtout farouchement opposés à son ministre Pierre Landais : Le maréchal de Rieux, le prince d'Orange (neveu de François II, belle mentalité) et les sires de Jean du Perrier, sire de Sourléac, Pierre de Villeblance sire de Broons et Jean Le Bouteiller, sire de Maupertuis, tous pensionnés par le roi de France, comme indiqué précédemment.

 

Pierre Landais ordonna, au nom de François II, la confiscation des terres que possédaient en Bretagne les seigneurs révoltés, mais cette mesure de rigueur ne fut pas exécutée et ceux qui se posaient comme les victimes de Landais ne tardèrent pas à reparaître sur le devant de la scène. Trois d'entre eux promirent, au nom de tous les autres, au roi de France « que si le duc de Bretagne mourait sans enfant mâle, ils emploieraient corps, biens, alliés, amis et sujets pour lui faire avoir la possession de la Bretagne » C'est ainsi que la jalousie et la haine firent oublier à ces « fiers » barons leurs plus strictes devoirs envers leur pays.

La monnaie Bretonne de François II

 

Le duc de Bretagne, irrité contre ses barons révoltés réfugiés à Ancenis, ordonna la levée d'une armée et le siège de cette ville. Les troupes ducales partirent de Nantes et rencontrèrent celles du maréchal de Rieux qui sortaient d'Ancenis. ll se trouva de part et d'autre des "gens de bien" qui surent ménager les esprits de telle sorte, que des deux armées, il ne s'en fit qu'une, et que la perte de Pierre Landais fut unanimement jurée de part et d'autre. Un mois plus tard, le malheureux favori de François II fut condamné à être pendu et exécuté à Nantes, le 19 juillet 1485. Avec Pierre Landais périssait le dernier défenseur de la cause Bretonne.

 

La conduite des seigneurs rentrés en grâce auprès du duc de Bretagne ne tarda pas à redevenir louvoyante. Ainsi d'un côté, Françoise de Dinan, dame de Châteaubriant, et le maréchal de Rieux publièrent, en 1486, un manifeste dans lequel ils déclaraient se liguer avec le prince d'Orange contre le roi de France qui voulait, disaient-ils, s'emparer de la Bretagne sans raison, et, l'année suivante, cette même dame de Châteaubriant, François de Laval, son fils, et le maréchal de Rieux, beau-père de ce dernier, jaloux de voir le duc d'Orléans et le comte de Dunois à la cour de Bretagne, se déclaraient contre François II, et offraient de soutenir les armes du roi de France en Bretagne. Pendant que sa fidèle et modeste noblesse et son peuple aspiraient à verser pour elle la dernière goutte de son sang, la jeune duchesse Anne ne rencontrait à côté d'elle, dans sa,propre cour, que des cupides calculateurs égoïstes ou des ennemis implacables et bornés. 

 

 

Anne de Bretagne

 

Anne de Bretagne est née le 25 janvier 1477, c'était la fille du duc François II de Bretagne et de sa seconde épouse Marguerite de Foix, princesse de Navarre. Son enfance a était émaillée par les trahisons des seigneurs bretons et les manoeuvres incessantes de la France pour s'approprier le duché. Eduquée dès son plus jeune âge pour s'occuper des affaires de l'état, Anne a 11 ans et demi lorsque son père mourut et qu'elle devint duchesse. Les prétendants affluèrent de toute l'Europe et c'est finalement Maximilien d'Autriche qu'elle épousa par procuration.

Cette union mécontenta le roi de France Charles VIII, pourtant déjà lié par un mariage par procuration avec Marguerite d'Autriche, la propre fille de Maximilien. Il savait que si ce mariage avait lieu, la France se retrouverait cernée à l'Est et à l'Ouest par la maison d'Autriche. Il envoya une nouvelle fois ses troupes attaquer la Bretagne et investir la plupart des grandes villes Bretonnes, avant d'assiéger Rennes où s'était réfugiée la jeune duchesse. Un jour Charles VIII, sous prétexte d'un pèlerinage dans une chapelle près de Rennes, s'en vint jusqu'aux portes de la ville avec seulement 100 hommes d'armes et 50 archers. De mystérieuses complicités lui permirent de s'introduire dans la ville, puis jusqu'à la porte de la chambre de la Duchesse. Celle-ci s'aperçut alors qu'elle etait seule et sans protection, ses gens s'étaient discrètement éclipsés. Elle comprit qu'on l'avait trahie et que nul ne répondrait à ses appels.

 

 

Anne de Bretagne

 

Trois jours plus tard, les fiançailles d'Anne et de Charles VIII furent  annoncées ( sans que leurs mariages respectifs par procuration eussent été annulés ). Charles écrivit à sa sœur Anne de Beaujeu : "Madame, vous pouvez être satisfaite, J'ai pris Rennes et la fille qui est dedans, par les moyens que je souhaitais". Dans toutes les Chancelleries d'Europe courut le bruit que le roi de France avait eu le comportement criminel d'un vulgaire soudard. Le Pape lui-même s'en émut, mais pas bien longtemps. Maximilien ne réagit pas à cet enlèvement, car il menait une guerre contre les Turcs. Le pape libéra finalement les nouveaux époux de leurs précédents contrats et ils se fiancèrent à Rennes, avant de se marier au Château Royal de Langeais, le 6 décembre 1491.

 

Il restait à régler l'épineux problème des droits de chacun à la succession du duché. Les Français, en position de force, imposèrent la formule de l'abandon au profit du dernier survivant si l'union des époux ne donnait pas de descendance. D'autres conditions complétèrent le contrat de mariage.Si le roi venait à mourir avant son épouse, celle-ci redeviendrait Duchesse de Bretagne, mais ne devrait jamais se remarier avec personne d'autre que le successeur de son défunt mari ou avec le premier prince Français dans l'ordre de succession au trône. Dans tous les cas de figures, la Bretagne se trouverait, de toute manière, rattachée à la France. De cette union, entre Anne et Charles VIII, naîtra le dauphin Charles qui mourra à 3 ans, puis trois autres enfants, morts très jeunes.

Charles VIII mourut accidentellement en 1498. A sa mort Anne redevint duchesse de Bretagne à part entière. Dans la foulée, elle rétablit la Chancellerie de Bretagne et après six années passées à faire tapisserie à la cour de France, elle reprit la destinée de son duché. Louis d'Orléans, devenu Louis XII, proposa le mariage à Anne. Pour éviter de nouveaux conflits, elle accepta, sans pour autant livrer son pays à son futur époux. Le mariage eut lieu le 8 janvier 1499 à Nantes. Une fille, Claude, naîtra en octobre de la même année, puis sa soeur Renée, en 1510.

Toujours à œuvrer pour tenter de garder l'indépendance de la Bretagne Anne réussit à faire signer le traité de Blois en septembre 1504,  véritable contrat d'engagement de la princesse Claude et de Charles de Halsbourg, futur Charles Quint : Elle considérait que l'indépendance du duché serait mieux préservée en mariant sa fille aînée avec un prince Autrichien qu'avec un prince Français. Opposé au projet et déjà malade, Louis XII rédigea un testament où il rompit les fiançailles de Claude et de Charles, tout en imposant un mariage, le plus rapide possible, entre Claude et François d'Angoulême, futur François 1ier. Les efforts d'Anne pour garder l'indépendance de son duché échouèrent une nouvelle fois. Après un pèlerinage dans son duché pour puiser de nouvelles forces, car elle était très affaiblie, dès son retour à la cour du roi elle tenta de le faire revenir sur sa décision. En guise de réponse. Louis XII convoqua les Etats Généraux qui approuvèrent, par un nouveau contrat, un de plus, l'union de Claude et du futur François 1ier et fixèrent la date des fiançailles. Anne ne réussit qu'à faire ajouter une clause au contrat : s'il lui naissait un fils ou une fille, elle se réservait la possibilité de lui léguer le duché. Usée, malade, Anne mourut le 9 janvier 1514 après avoir tenté jusqu'au dernier moment de marier sa fille cadette Renée et de lui donner la Bretagne en dot. La maladie l'emporta avant qu'elle pu mener son projet à terme. Contre son vœu le plus cher, elle voulait reposer à Nantes près de ses parents, Louis XII la fit ensevelir dans la basilique Saint-Denis. Néanmoins une de ses dernières volontés fut exaucée, le legs de son cœur à la Bretagne. Il fut placé dans un réceptacle d'or fin en forme de cœur avant d'être transféré à Nantes. Sur ce cœur d'or on peut encore lire :



 :

"En ce petit vaisseau
De fin or pur et munde
Repose ung plus grand cueur
Que oncque dame eut au munde
Anne fut le nom delle
En France deux fois royne
Duchesse des Bretons
Royale et Souveraine"

 

 

Louis XII mourut un an après Anne et François d'Angoulême devint roi de France, peu de temps après. Plus de 5 siècles après sa mort, le souvenir d'Anne demeure vivace chez la plupart des Bretons et de nombreux ouvrages et chansons lui rendent l'hommage qu'elle mérite.

 

 

Les traités d'"Union" de 1532

 

Voici le contenu exact du fameux traité d'union entre la France et la Bretagne signé le 13 août 1532 à Vannes.

 

Le traité d'Union de la Bretagne et de la France proclamé en décembre 1532 par les Etats de Bretagne réunis à Vannes n'est qu'une annexion patiemment préparée par François 1er dès la mort de son épouse Claude en Juillet 1524 : le Comte de Laval et le Cardinal du Prat qui étaient gouverneur et chancelier de Bretagne furent les instruments dociles de cette politique d'annexion visant à vaincre l'opposition des délégués aux Etats de Bretagne en achetant très souvent le soutien des membres influents de la haute noblesse Bretonne francophile, exemples.

 

Avec ce traité les Bretons conservaient cependant leurs Etats, leur parlement et leur autonomie administrative. Ils ne devaient payer d'impôts que pour la Bretagne et porter les armes uniquement pour sa défense. Henri de France, petit-fils d'Anne de Bretagne et futur Henri II sera le dernier prince à porter jusqu'à sa mort en 1547 le titre effectif de Duc de Bretagne. Voir aussi le traité de Vannes, auquel fera référence " l'Abbé " Maury, et l'autre traité de 1532, celui du Plessis-Macé.

 

 

L'ordonnance de Villers-cotterêts

 

Par son ordonnance de Villers-Cotterêts en Picardie, le 10 août 1539,  le roi François Ier exigea que tous les actes administratifs, politiques et judiciaires soient rédigés en français et non plus en latin qui était la langue de communication en Europe et entre les " provinces " Françaises. C'était une décision importante pour l'unification du " pré carré " et pour la lutte contre les langues des pays limitrophes annexés. " L'unité linguistique " ne s'achèvera qu'au milieu du XXe siècle, après plusieurs siècles de bourrages de crânes et de nombreuses persécutions à l'encontre des Basques, des Corses, des Bretons et de tous les autres minorités linguistiques sur le sol " Français " et dans ses colonies. Unité linguistique, si on veut, car les langues dites régionales sont de plus en plus parlées par les jeunes.

 

 

 

La guerre de la " Sainte " Ligue 1588-1598

 

La Sainte Ligue ou Sainte Union est le nom donné à un regroupement de catholiques, créé en Picardie, en 1576. Il avait l'appui du pape Sixte V, des Jésuites, et de Philippe II d'Espagne. Ce parti d'intégristes catholiques se forma contre l'Édit de Saint-Germain (1570) et de l'Édit de Beaulieu (6 mai 1576) jugés trop favorables aux protestants.

 

Après un répit de quelques années, la crise renaîtra en 1584, avec la mort de François, duc d'Alençon, et la désignation du protestant Henri de Navarre comme successeur au trône. Henri Ier de Guise prit alors la tête d'une nouvelle Ligue. Depuis 1582, le roi d'Espagne Philippe II apportait ses soutiens financier et  militaire aux catholiques, à la fois pour renforcer le catholicisme en France et pour affaiblir son roi sur le plan Européen. La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont profiter du désordre qui règne pour ravager le pays au détriment des nobles, des hommes d'église, mais surtout des villageois et des paysans.

 

Guy Éder de Beaumanoir de la Haye, dit la Fontenelle, est né en 1573 près de Quintin dans les Côtes d'Armor. Il s'enrôla d'abord sous la bannière du Duc de Mercoeur, beau-frère du Roi Henri III et Gouverneur de Bretagne. A 17 ans, il commandait déjà 3000 hommes. Mais bientôt, la lutte contre les Huguenots, peu nombreux en Bretagne, ne fut plus qu'une excuse pour commettre des exactions et La Fontenelle devint un vulgaire chef de brigands redouté qui sema la terreur. Il était connu sous le surnom  " d'Ar Bleiz" ( le loup ).

 

La Fontanelle ravagea et le mot est faible le Trégor et la Cornouaille et pénétra dans le Léon. Il entra rapidement dans la légende par ses cruautés dignes d'un sadique. Disposant d'une troupe de 400 à 500 cavaliers, il se livra à des meurtres, des massacres collectifs et des pillages organisés. Les mises à sac de Penmarc'h et de Pont-Croix lui rapportèrent un énorme butin qu'il entassa dans l'île Tristan à Douarnenez, dont il fit son quartier général. Il obligea les habitants à démolir leurs maisons pour édifier de solides fortifications pour son repaire. Lassés les gens du secteur se révoltèrent, il en tua 1 500 dans une même journée.

 

En 1598 il obtint le pardon du roi pour ses crimes, dans le traité signé entre le roi et le duc de Mercoeur, mais par la  suite, il fut accusé d'avoir participé à la conspiration du duc de Biron au profit des Espagnols. Le parlement de Paris le condamna pour haute trahison au supplice de la roue. Il fut rompu à vif et exécuté à Paris en place de Grève en septembre 1602. Il n'avait pas 28 ans.

 

Dans le Barzaz Breiz, on retrouve une chanson en Breton intitulée Fontanella qui raconte l'enlèvement de Marie de Coadélan, fille d'un marquis et riche héritière âgée de seulement 8 ou 9 ans, fillette qu'il ira chercher dans la région de Brest. Il l'épousa malgré son jeune âge et elle sera reconnu comme étant sa veuve lors de son procès.

 

Les différents épisodes de la Sainte Ligue en Bretagne ont laisse un pays ravagé pleurant des dizaines de milliers de morts.

 

 

La révolte des bonnets rouges

 La Révolte du papier timbré est une révolte antifiscale, sous le règne de Louis XIV. Elle  dura d'avril à septembre 1675. Elle prit également un tour antiseigneurial et parfois anticlérical en Basse-Bretagne, où elle est également connue sous le nom de Révolte des Bonnets rouges. Elle fut déclenchée par une hausse des taxes, dont celle sur le papier timbré, qui était nécessaire pour tous les actes à authentifier.

 

la Bretagne était alors un pays d'État, où l'impôt sur le sel, la gabelle n'existait pas, et où les nouveaux impôts devait être acceptés par les États Généraux et ce depuis l'acte d'Union de la Bretagne à la France. Soixante-cinq ans de repos et de prospérité avaient suivi les guerres de la sainte ligue. Les besoins financiers démesurés de Louis XIV l'amenèrent à décréter, sans consulter les Etats, l'établissement du papier timbré à 1 sol la feuille, le monopole du tabac à 20 sols la livre, et la marque de la vaisselle d'étain à 1 sol la pièce.

 

Les soulèvements des villes furent suivis à partir du 9 juin, par les émeutes dans les campagnes de Basse-Bretagne. La  révolte connut plusieurs foyers importants, de la baie de Douarnenez à Rosporden et dans les secteurs de Briec et de Châteaulin. Dès le début de juillet, la révolte atteignit les environs de Daoulas et de Landerneau, le 6 juillet elle était aux alentours de Carhaix, le 12 elle atteignit Brasparts, Callac, puis Langonnet. Les villes qui ne participèrent pas à la révolte, furent attaquées, ainsi Pontivy fut prise le 21  juillet. Le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne fut obligé de se réfugier à Port-Louis.

 

Les paysans se révoltèrent surtout lorsque se répandit le bruit que la gabelle allait être introduite dans la province. L'émeute éclata au milieu de la zone du domaine congéable, précisément là où ce régime était le plus dur. Le duc de Chaulnes reconnu implicitement que "les seigneurs chargeaient beaucoup trop les paysans". Plusieurs châteaux furent donc assiégés et pillés, ainsi que les bureaux du papier timbré ou des taxes sur les boissons. Partout les nobles furent attaqués et tués. Le maximum de violence fut atteint fin juillet et début août à Carhaix et Pontivy, villes non fortifiées, qui furent attaquées et pillées. Les paysans étaient commandés dans cette région par un notaire, Sébastien Le Balp. Début septembre, il investit et pilla, avec 600 Bonnets Rouges, le château du Tymeur et détruisit tous les papiers et archives, avant d'être tué par traîtrise, par un noble qu'il avait fait prisonnier. Sa mort sonna la fin à l'insurrection dans ce secteur. Par la suite, le corps de Sébastien Le Balp, sera exhumé. On fera un procès à son cadavre, qui sera ensuite traîné sur une claie, rompu et exposé sur une roue.

 

Les missionnaires, dont  notamment Julien Maunoir, entrèrent alors en action pour calmer les paysans en colère ou plutôt pour temporiser en attendant l'arrivée des troupes royales chargées de mater la révolte. Par la suite, les missionnaires seront envoyés "réévangéliser" les campagnes. Du 18 septembre au 12 octobre, le duc de Chaulnes traversa la Bretagne, jalonnant son parcours de féroces exécutions qui terrorisèrent la Bretagne entière, les arbres se couvrirent partout de pendus, de Chaulnes aura cette phrase terrible : "Les arbres commencent à avoir le poids qu'on leur donne", ainsi,14 paysans seront pendus à un même chêne à Combrit.


 

"Les arbres commencent à avoir le poids qu'on leur donne"

 

En Bretagne, le bilan de la répression est difficile à chiffrer, en effet le roi ordonna la destruction de toutes les archives judiciaires concernant la rébellion pour dissimuler l'ampleur des massacres et des dégâts,

 

Les principaux responsables furent envoyés devant une commission extraordinaire du parlement, qui pouvaient juger sans que les prévenus aient un quelconque recours. Dès octobre 1676, des condamnations aux galères et de nombreuses condamnations suprêmes furent prononcées envers les meneurs. Pendant tout l'hiver 6 000 soldats de l'armée royale continuèrent les exactions pratiquement partout en Bretagne, rouant, pendant, décapitant, tuant de diverses manières, violant, embrochant vifs des enfants, des corps et des membres de suppliciés furent accrochés aux portes des villes et des églises. Les villes et les villages furent contraints de livrer les meneurs sous peine de représailles collectives, les cloches ayant sonné le tocsin furent  descendues et parfois confisquées et plusieurs clochers d'églises furent rasés avec interdiction de les remonter, Ceux de Lanvern, Languivoa en Plonéour-Lanvern et Lambour à Pont-l'Abbé n'ont jamais été reconstruits. Le 12 octobre, le duc de Chaulnes entra à Rennes, avec 6000 hommes, qui furent logés chez l'habitant durant un mois, pendant lequel la troupe se livra à toutes sortes d'exactions, des exécutions sommaires aux destructions de maisons. Ces hébergements forcés coûtèrent plus d'un million de livres aux habitants de la ville.

 

Le parlement de Bretagne fut exilé à Vannes le 16 octobre. Cet exil dura jusqu'en 1690 avant que le parlement puisse retourner à Rennes contre un subside au roi de 500.000 livres. Toute résistance populaire  au despotisme royal fut annihilée. Les États de Bretagne acceptèrent l'année suivante une augmentation de la fiscalité en Bretagne de 15 %, toutes les demandes financières ultérieures du roi, sans oublier de généreuses gratifications aux ministres, en particulier à Colbert et sa famille. En outre, la Bretagne dut subvenir entièrement aux besoins des troupes de répression - d'extermination serait plus approprié -, puis d'une armée de 20 000 hommes, en représailles des doléances de novembre 1675 des États. Le chiffre des victimes en Bretagne n'est pas connu, on l'estime à plusieurs dizaines de milliers de morts exécutés dans des conditions abominables. C'est dans les secteurs où la répression fut la plus sévère que la république naissante de 1789 allait trouver ses plus farouches supporters Bretons.

 

Madame de Sévigné dont les lettres font les délices des lycéens Français, car elles figurent dans nombre de manuels ne fut pas tendre avec les bonnets rouges, outre la fameuse phrase du 3 juillet 1675 " On dit qu'il y a cinq ou six cents bonnets bleus en basse-Bretagne qui auraient bon besoin d'être pendus pour leur apprendre à parler ", elle écrivit aussi sottement sur les bonnets rouges à plusieurs reprises. Dans les années 1970, la révolte des Bonnets rouges a été présentée comme une étape de la lutte du peuple breton pour son émancipation et  Paol Keineg écrivit en 1975 une pièce de théâtre sur ce thème : "Le Printemps des Bonnets rouges". D'autres y virent la lutte d'un peuple pour sa liberté et le Parti communiste organisa une fête à Carhaix pour célébrer le tricentenaire de la révolte. En décembre 2005, le préfet du Finistère interdit purement et simplement l'installation d'un panneau touristique sur le bord d'une route nationale, à Carhaix, pour la motif qu'il s'y trouvait la représentation d'un insurgé de la Révolte des Bonnets rouges…

 

Le marquis de Pontcallec

 

Encensé par le Barzaz Breiz, ridiculisé par Bertrand Tavernier dans son film : " Que la fête commence " qui était donc le marquis de Pontcallec et que fit t'il pour avoir la tête tranchée ?

 

En 1718. S'appuyant la violation de leurs franchises par le Régent, les nobles Bretons déclarèrent nul l'acte de leur union à la France. Une soixantaine de gentilshommes ratifia le 15 septembre 1718 un " Acte d'union pour la défense des libertés de la Bretagne ". Afin d'obtenir l'indépendance absolue, ils demandèrent l'appui du roi d'Espagne Philippe V, à qui la France venait de déclarer la guerre, un certain nombre de gentilshommes Bretons décident de renverser le gouvernement royal ( conspiration de Cellamare ), pour le remplacer par le roi d'Espagne, Philippe V. A la tête de ces hommes, se trouvait de Pontcallec. Ce dernier, joua un rôle déterminant dans cette affaire. Malgré un contexte politique favorable le " soulèvement Breton " restera marginal. Seuls, une vingtaine de petits nobles prirent une part quelque peu active au complot. Cet échec se traduisit par l'arrestation de Pontcallec le 28 décembre 1718,  trahit par son ami le sieur de Chémendy, sénéchal du Faouët. Trois autres conjurés, du Couëdic, Montlouis, Le Moyne du Talhouët se rendirent eux-mêmes. Pour éviter une trop grande clémence, le Régent de France ne les fit pas juger par leurs pairs du Parlement de Bretagne, comme ils en avaient le droit, mais les livra à une cour martiale présidée par un Savoyard qui les condamna à mort pour satisfaire le régent. Ils furent décapités à Nantes, sur la place du Bouffay, le 25 mars 1720. L'exécution de Pontcallec fut particulièrement laborieuse, le bourreau dut s'y reprendre à plusieurs reprises et dans la crainte d'un soulèvement, le Régent fit déployer la troupe et ordonna que les quatre nobles soient enterrés, sans son de cloche, ni messe funèbre, dans le monastère des Carmes à Nantes. Morts comme des hommes, mais enterrés comme des chiens.



Exécution de Pontcallec

 



31/01/2008
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